
Les écarts de tarifs entre les hommes et les femmes sont parfois exorbitants (©Illustration / Adobestock)
Chaque jour, un million de Français se font couper les cheveux par des coiffeurs professionnels. Mais selon que l’on soit un homme ou une femme, les tarifs font le grand écart. Et pour Consommation Logement Cadre de vie (CLCV), cette inégalité n’est pas justifiée.
Ce mardi 11 décembre, l’association de défense des consommateurs a publié une enquête sur les prix pratiqués par les coiffeurs. Elle a analysé plus de 900 établissements (sur les 64 000 que compte le pays) dans toutes les régions.
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— CLCV (@clcvorg) December 11, 2018
Résultat, entre un « tarif homme » ou un « tarif femme », la différence est en moyenne de 10 euros pour un forfait « shampoing – coupe – coiffage », à prestation équivalente. Les dames payent 30,07 euros contre 20,46 euros pour les messieurs, soit un écart de 47% !
Jusqu’à 38 euros d’écart pour la même prestation !
« Et encore, nous sommes sur une moyenne, souligne Olivier Gayraud, juriste à CLCV. Les disparités sont parfois délirantes : nous avons repéré un salon qui faisait payer un même forfait 72 euros aux femmes… et 34 euros aux hommes ! »
Ce fossé se retrouve, dans une moindre mesure, dans de nombreux salons de coiffure, notamment ceux appartenant aux grandes enseignes. Chez Franck Provost et Jean-Louis David, tous deux appartenant au groupe Provalliance, le forfait cheveux courts shampoing – coupe – coiffage est de 10 à 16 euros plus cher, selon la ville, pour les femmes que pour les hommes.
Un sujet récurrent depuis des décennies
Comment expliquer une telle différence de prix ? Olivia Provost, directrice de la communication de Provalliance, reconnaît auprès d’actu.fr que ce sujet est récurrent depuis des décennies.
C’est un traitement injuste pour les femmes. Mais les techniques de coupe et de coloration ne sont pas les mêmes pour un homme et une femme.
Un argument que l’on entend du côté de CLCV : « Couper les cheveux d’une femme peut s’avérer plus complexe et plus long, mais cette différence de prix ne semble pas toujours avoir de justification objective. »
De plus, rien n’est illégal dans ces pratiques. Comme le souligne la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les coiffeurs sont libres de pratiquer les tarifs qu’ils souhaitent.
Olivia Provost abonde dans ce sens : « Nous n’avons pas le droit d’imposer des prix à nos franchises. »
Vers des tarifs uniques ?
Pour Olivier Gayraud, les enseignes devraient proposer davantage de forfaits unisexes, « calculés uniquement sur le travail fourni ». Certains établissements le proposent, comme à Montpellier : il promet un tarif en fonction de la longueur des cheveux, le temps de travail et la quantité de produit utilisée.
Une piste à creuser chez la concurrence ? Provalliance assure « y réfléchir », notamment après le rachat de Brainwash Kappers, leader de la coiffure aux Pays-Bas, qui pratique un tarif unique pour les hommes et les femmes. « Mais ce genre de décision ne se prend pas sur un coup de tête, et nous allons voir ce qu’en pensent nos clients et nos collaborateurs », insiste Olivia Provost.
Pour faire avancer les choses, CLCV demande « une réflexion autour de cette pratique, afin de parvenir à une évolution vers des tarifs mixtes justifiés par des critères objectifs ». Une pétition a d’ailleurs été lancée par l’association de consommateurs.
Notre enquête #coiffeurs : un écart de #tarif de près de 50% pour les femmes sur le forfait de base !
Signez notre pétition pour des #tarifs justes et #unisexes chez les #coiffeurs https://t.co/aZaUV9b0i0 @PepiteSexiste pic.twitter.com/JPIS4agt3b— CLCV (@clcvorg) December 11, 2018