Samedi 15 décembre 2018, à Paris. (©Le Petit Courrier)
Six gilets jaunes de Château-du-Loir étaient à Paris samedi 15 décembre. Voici le récit de leur journée par l’une d’entre eux, Loreleine.
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Le départ
« Nous sommes partis à 6 du péage de Montabon vers minuit, dans la nuit de vendredi à samedi. Nous sommes arrivés sans aucun souci près de l’avenue de la Grande-Armée à quelques pas de l’Arc de Triomphe vers 3h du matin.
Attente dans la voiture
Nous sommes restés dans la voiture jusqu’à 8h.
Nous avons constaté déjà les vitrines cassées et les commerçants qui commençaient à protéger leurs commerces.
Ces Sarthois ont sillonné la capitale toute la journée. (©Le Petit Courrier)
Arc de Triomphe
A 8h nous nous sommes dirigés vers l’Arc de Triomphe, où se trouvaient quelques gilets jaunes et quelques gendarmes. Nous y sommes restés jusqu’à environ 9h15, car pas de mouvement.
Opéra
Nous nous sommes alors dirigés vers l’opéra. Là, peut-être une centaine de personnes. Et puis de plus en plus de personnes à réclamer le RIC, référendum d’initiative citoyenne. Une minute de silence a été observée en hommage aux victimes de Strasbourg.
Face à face
Puis, gendarmes, CRS, police, blindés, police montée sont arrivés pour nous parquer. On ne pouvait plus sortir, plus manifester comme nous le souhaitions, c’est-à-dire, en faisant une marche. On s’est retrouvé directement en face à face avec les forces de l’ordre.
Pas de gilets
Nous avons réussi à sortir 2h après. La seule condition était de retirer nos gilets jaunes. On ne comprenait pas pourquoi. Un gendarme nous a dit : « pas de gilet jaune près des sites. Vous pourrez les remettre plus loin ». Pas très logique tout ça…
Ils restent très mobilisés. (©Le Petit Courrier)
République
Nous avons ensuite décidé de rejoindre la place de la République, vers 13h. Une centaine de personnes y manifestaient, toujours aussi pacifiquement. Nous avons vu arriver ensuite assez rapidement les gendarmes en nombre, qui voulaient faire comme à Opéra, et comme ils l’ont fait aussi au niveau de la gare Saint Lazare.
Bastille
Nous avons alors décidé d’aller à la Bastille, à une petite dizaine, en rameutant le maximum de gilets jaunes qui nos croisions. Tous ont suivi. Arrivés là-bas, on s’est retrouvé à une soixantaine de personnes. Nous avons décidé de faire du filtrage, de ralentir la circulation.
Chaîne humaine
Nous avons fait une chaîne humaine sur la route et fait des filtrages au niveau des entrées du rond-point. Ca s’est très bien passé, pas d’accident, les automobilistes s’arrêtaient d’eux-mêmes, nous félicitaient… jusqu’à l’arrivée une heure après des forces de l’ordre. Ils ont commencé à s’installer donc on a bougé.
Champs Elysée
On avait eu écho que au niveau des Champs Elysée certains prenaient des gaz lacrimogènes donc on a décidé d’aller là-bas. Toujours avec notre groupe initial d’une soixantaine de personnes, nous nous sommes agrandis pour finir par être plus de 1500, tous pacifistes. Forcément, les CRS sont arrivés, ils étaient à chaque coin de rue.
(©Le Petit Courrier)
Pacifistes
Quand on passait devant eux, nous levions les bras pour leur signifier que nous n’étions pas des casseurs, mais des gilets jaunes pacifistes. Nous les sentions tendus, mais il n’y a eu aucun tir, aucun gazage.
25 km parcourus
Nous avons manifesté comme ça jusqu’à 18h, en chantant « tous ensemble hey hey; la Marseillaise; anti-anti capitaliste ». Les personnes qui semblaient être là pour casser se sont joint à nous mais sont restées calmes, au moins le temps que nous y étions. Nous avons fait en tout 25 kilomètres à pieds dans Paris.
Infirmière
Pour ma part je suis infirmière. Donc je me mobilise aussi pour les soins qui déshumanisés. Nous ne soignons plus des patients mais des clients. J’avais besoin de monter à la capitale. Pour faire voir que nous sommes toujours présents. Faire valoir notre droit d’expression et de manifestation.
Attentes
Nous réclamons une hausse des salaires, hausse des retraites et des aides aux personnes handicapées. Le rétablissement de l’ISF; la mise en place du RIC, la démission de M. Macron, une 6e République plus citoyenne; une baisse des taxes; l’arrêt de la CSG; et tellement de choses.
Changements profonds
Nous souhaitons un changement tellement profond que malheureusement aucun politique, politicien, président actuel ne peut répondre à nos besoins. Nous sommes bien conscients que ça ne se fera pas du jour au lendemain.
Solidaires
Mais le peuple français, même fracturé, reste solidaire et nous arriverons j’en suis sûre à ce que nous souhaitons ».
