
Dès 4 heures du matin, lundi 17 décembre 2018, des salariés de la papeterie Europac de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) ont bloqué l’accès à leur usine. (©SL / 76actu)
Leur mobilisation a commencé par une grève perlée, lundi 10 décembre 2018. « Pas entendus », des salariés de la papeterie Europac de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), ont bloqué leur usine, lundi 17 décembre. Ils réclament une prime de 1 000 euros après le rachat pour 1,9 milliard d’euros de leur société par un concurrent.
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« Un petit morceau de la queue de la cerise sur le gâteau »
Une grève d’une heure, puis de deux et enfin de huit heures, « ça n’a servi à rien », s’est résigné Guy Quevilly, le délégué syndical CGT de l’usine Europac. Donc, en assemblée du personnel vendredi, les salariés ont décidé de bloquer leur usine. Le blocage est effectif depuis lundi matin, 4 heures, et durera tant qu’il faudra, explique le syndicaliste :
Nos revendications datent de septembre, quand DS Smith a fait une « OPA amicale » sur Europac, pour 1,9 milliard d’euros. On a demandé un petit morceau de la queue de la cerise sur le gâteau, on n’a rien eu.
Les 240 salariés des deux usines stéphanaises – la cartonnerie et la papeterie – n’ont qu’une revendication : une prime de 1 000 euros pour les 600 salariés français de l’entreprise. « Ça tombe bien avec le vœu de M. Macron d’une prime défiscalisée pour Noël », s’amuse Guy Quevilly. La direction locale a remonté les exigences à l’échelon national, « mais nous n’avons pas de nouvelles. Ils s’échangent les actions, ils ont des dollars plein les yeux ».
Alors les salariés en repos bloquent tandis que leurs collègues travaillent, pour perdre le moins d’argent possible. Et le blocage est « concret et direct », appuie Guy Quevilly : « Quand les stocks vont être pleins et qu’il n’y aura plus de matières premières, les machines vont s’arrêter. » Soit dans la nuit de lundi à mardi, prévoit-il, puisqu’aucun camion n’entre ou ne sort. Et ils n’ont pas l’intention de lever le blocage avant d’avoir obtenu gain de cause.
« Quand l’entreprise a eu des difficultés, on a renégocié à la baisse »
Si la vingtaine de salariés, soutenue par une quinzaine de Gilets jaunes venus du rond-point des Vaches voisin, s’obstine à bloquer pour cette prime, c’est à cause des concessions passées :
Quand l’entreprise a eu des difficultés, on a renégocié toute la grille de salaires à la baisse. Maintenant, les jeunes rentrent juste au-dessus du Smic grâce aux 3/8.
Pour l’instant, le nouvel actionnariat de la société n’implique pas de suppression de poste. Mais Guy Quevilly reste prudent : « Nous n’avons pas encore eu accès aux détails de l’accord. »
La même appréhension et la même revendication monétaire est partagée sur les autres sites du groupe : à Gasny (Eure) et hors de la Normandie, des actions similaires sont menées par des salariés. Ceux de DS Smith, le gros qui a racheté le petit, se mobilisent aussi, notamment à Torigni-sur-Vire (Manche).