
Claude Fournis a fait valoir ses droits à la retraite. Ici entouré de Sylvie Suty, responsable de la concession Ford de Lisieux (Calvados) et Jean-Baptiste Le Bon, directeur du groupe. (©Le Pays d’Auge)
A 74 ans, Claude Fournis a fait valoir ses droits à la retraite. Le désormais ex-propriétaire de la concession Ford de Lisieux (Calvados) revient sur son parcours, marqué aussi par son engagement au service des entreprises du pays d’Auge.
Vous venez de prendre votre retraite. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Claude Fournis : Il s’est passé pas mal de choses depuis mes débuts, en 1965, en tant que pompiste chez Total. J’ai bâti un groupe qui a compté jusqu’à 167 salariés, mais avec la volonté de rester dans la région.
J’habite toujours dans la maison qui m’a vu naître, aux Monceaux. C’est là que, parallèlement à mes activités dans l’automobile, j’exploite une ferme.
« J’avais envie de vivre »
Estimez-vous avoir manqué d’ambition ?
Peut-être, mais je ne regrette rien. En 2000, l’automobile a connu un tournant important avec la création des grands groupes. Je suis allé à l’Insead (Institut européen d’administration des affaires), à Fontainebleau, où l’on forme les futurs dirigeants de ces grands groupes.
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Mes camarades de promotion dirigent aujourd’hui des grosses machines qui tournent à 35 000 véhicules. Moi, j’ai préféré développer une structure à taille humaine.
Pourquoi ?
Parce que j’avais envie de vivre, de faire de l’avion, de profiter de mes proches. Je pense avoir fait le bon choix.
Son parcours en quelques dates
1965. Claude Fournis démarre sa carrière professionnelle en tant que pompiste à la station Total.
1968. Après avoir passé un an au Canada, Claude Fournis est de retour à Lisieux et entre chez Simca. Il y restera 14 ans : vendeur pendant 7 ans, responsable VO (véhicule d’occasion) pendant 3 ans et chef des ventes pendant 4 ans.
1982. Reprise du garage Ford de Lisieux.
1990. Création de Yamaha moto à Lisieux.
1992. Reprise du garage Ford de Bernay (Eure), puis de celui de Pont-Audemer (Eure) en 1993.
1997. Reprise du garage Ford d’Hérouville-Saint-Clair.
2019. Claude Fournis prend sa retraite. Le groupe est racheté par Didier Berrezai.
Votre carrière a aussi été marquée par votre investissement au sein de la Chambre de commerce et d’industrie…
Oui, j’ai été vice-président de la CCI du pays d’Auge pendant 14 ans. Avec Christian Fougeray et Gérard Legoupil, nous formions un bon trio, au service de l’économie locale. Nous avons construit des bâtiments prêts à l’emploi pour les entreprises, créé un partenariat avec le pèlerinage Sainte-Thérèse…
Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu développer l’aéroport de Deauville comme nous le souhaitions. Toutes les études économiques démontraient que l’aéroport normand devait être à Deauville. Pour des raisons politiques, la Région Normandie en a décidé autrement.
« Nous avons su monter au créneau »
Vous avez présidé le GIL (Groupement des industriels lexoviens) pendant 8 ans. De quoi s’agit-il ?
C’est un outil de lobbying, qui représente 70 entreprises augeronnes. Nous avons su monter au créneau quand il le fallait, notamment pour obtenir la sortie Lisieux sur l’échangeur de l’A13, à Pont-l’Evêque.
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Le GIL intervient également pour aider des entreprises en difficulté. Ce fut le cas, par exemple, pour Plysorol. Grâce à nous, onze personnes ont retrouvé un travail peu de temps après leur licenciement.
Nous avions organisé un cocktail au cours duquel les salariés de Plysorol avaient pu rencontrer des chefs d’entreprise. Autour d’un verre, c’est toujours plus facile de discuter. Je n’oublierai jamais cette soirée.
« Avec le pèlerinage, la ville de Lisieux n’est pas à la hauteur de l’enjeu »
Vous avez œuvré, en 2007, au rapprochement du monde économique avec le pèlerinage Sainte-Thérèse pour que les commerces lexoviens profitent des retombées du tourisme religieux. Douze ans après, où en sommes-nous ?
La ville de Lisieux n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Après une visite à Lourdes avec mes collègues de la CCI, nous étions revenus avec plein d’idées. Nous avions notamment proposé de créer une voie piétonne sur l’avenue Sainte-Thérèse, entre la basilique et le centre-ville. Nous l’attendons toujours…
La ligne bleue reliant les différents lieux thérésiens, c’est nous aussi. Mais regardez ce qu’elle est devenue. On dirait une canalisation. Il aurait fallu qu’elle soit plus marquée, avec des jeux et des étapes.
Il y a quand même eu des choses de faites. Nous avons diffusé un plan de la ville à 100 000 exemplaires. Et ces deux mondes, qui s’ignoraient depuis tant d’années, ont fini par se parler.
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Les débuts ont été difficiles…
Oui, nous partions de loin. Lors de ma première rencontre avec le recteur de l’époque, Monseigneur Lagoutte, il m’a présenté la feuille du contrôle fiscal qu’il venait de subir suite à une plainte des hôteliers lexoviens…
Mais au fil de nos échanges, il a compris qu’il pouvait nous faire confiance et que nous avions un intérêt commun à travailler ensemble.