
Thibaut Defever, directeur de l’école HEI Lille (Nord), présente le Eight Week project. (©HEI Lille)
Avec le Eight Week project (voir détails dans l’encadré), les élèves de l’école d’ingénieurs HEI Lille (Nord) sont plongés dans le monde de l’entreprise et ses problématiques. Un exercice qui leur permet de mettre en pratique leurs connaissances, et, parfois, de décrocher un contrat ! Thibaut Defever, directeur de l’école, nous présente le concept.
Quel type de projet ?
Le Eight Week project peut résoudre des problématiques d’ordre très variés : sociaux, écologistes, techniques, etc. Voici l’exemple d’un projet qui a été porté en début d’année scolaire (septembre et octobre 2018), avec l’entreprise Eiffage Metal. Les étudiants ont dû réfléchir à une problématique de production d’énergie via un arbre à vent. « Cette structure métallique sur laquelle seront implantées des éoliennes a pour objectif d’alimenter en électricité leur parking, que ce soit pour l’éclairage mais également pour les bornes de recharge des voitures électriques », expose HEI. Les étudiants sont intervenus en amont du projet afin de travailler sur l’étude de la localisation, de la rentabilité, et de plusieurs aspects techniques de cet arbre à vent afin d’orienter l’entreprise vers un «Go / No Go» pour ce que projet puisse aboutir.
Lille Actu : Pouvez-vous nous présenter ce qu’est le Eight Week project ?
Thibaut Defever : C’est un projet pédagogique proposé aux élèves de dernière année. Par petits groupes, de trois ou quatre personnes, ils viennent résoudre une problématique liée à une entreprise ou, parfois, une association. Pendant huit semaines, ils travaillent à temps plein là-dessus, avec un professeur qui les accompagne, dans une posture de chef de projet.
Les entreprises partenaires proposent-elles de vraies problématiques ?
Oui, ce n’est pas du fictif. Ce sont de vraies questions que se posent les structures, et auxquelles il faut apporter des réponses. A l’issue de ces huit semaines pendant lesquelles un intervenant suit les élèves, le groupe livre les résultats de son travail. Le but du Eight Week project est de mettre les étudiants en situation réelle, de manière pragmatique. C’est un premier pas vers le monde de l’entreprise, juste avant leur stage de fin d’études.
Est-ce que les élèves sont sélectionnés pour tel ou tel projet en fonction de leur spécialité ?
A HEI, nous formons des ingénieurs généralistes avant tout. Ils ont un approfondissement (14 différents sont proposés dans notre formation) mais doivent faire preuve d’adaptabilité. L’idée du Eight Week project est de permettre de faire se confronter des regards croisés. Les équipes que l’on constitue sont rarement monolithique.
Tous vos étudiants participent-ils à ce projet ?
Oui, nous en avons en moyenne 430 chaque année. Nous proposons quatre sessions par an, de septembre à fin mars [Une première en septembre-octobre, une 2e en novembre-décembre, une 3e en janvier-février, et une 4e en février-mars, NDLR].
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Travaillez-vous avec les mêmes entreprises ou cela change-t-il souvent ?
Nous travaillons avec plusieurs types de structures : les TPE, P.M.E., mais aussi les associations, et bien sûr les grands groupes. Bien sûr, nous sommes amenés à travailler plus régulièrement avec les grandes entreprises, qui ont de nombreuses problématiques qui se posent chaque année. Cela dépend vraiment de la structure. Cela peut être du ‘one-shot’ comme une collaboration récurrente.
Cette année, vous avez travaillé sur un projet original avec l’Abèj*. Y en a-t-il d’autres de ce type ?
L’Abèj est typiquement le genre de structure avec laquelle on reste en contact régulier. On travaille depuis 3 ans avec eux. Nous avons en ce début d’année un projet inédit, avec des publicitaires parisiens. C’est une collaboration originale car il y a un travail en lien direct avec un vivier de publicitaires, très créatif, et la mise en place d’un prototype, plus technique. Certaines collaborations se font avec d’autres écoles, l’ISA et l’ISEN**. Cela nous permet de balayer le champ des possibles de façon encore plus large…
Concrètement, qu’est-ce que ce projet apporte aux étudiants ?
Il y a deux phases importantes dans le parcours des étudiants. Il y a le stage de trois mois de 4e année, qui leur fait gagner en maturité. Il y a ensuite le Eight Week project, dans lequel ils découvrent une posture totalement différente que celle qu’ils connaissent en cours. Ils passent de l’autre côté de la barrière, en travaillant en groupe, et pour un client. Ils ne se retrouvent plus face à un professeur qui va les noter, mais en situation réelle. Cela les prépare à ce qui les attend dans les entreprises.
Y a-t-il des cas de recrutements établis grâce à ce projet ?
C’est difficile de juger si un recrutement s’est fait suite au Eight Week project en particulier. Ce qui est certain en revanche est que l’on voit souvent des étudiants aller en stage ensuite dans la structure pour laquelle ils ont travaillé avec le projet. Certains sont aussi recrutés pour poursuivre le projet en tant qu’employé de l’entreprise.
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Propos recueillis par Amandine Vachez
*Avec l’Abèj solidarité, les étudiants de HEI Lille ont établi un audit complet des lieux d’hébergement de l’association (diagnostic, plan de maintenance préventif…) pour accueillir les sans abris dans les meilleures conditions possibles. **L’ISA et l’ISEN sont deux écoles d’ingénieurs à Lille. L’ISA est spécialisée dans les sciences du vivant alors que l’ISEN l’est dans les métiers du numérique.