
Algolesko récolte essentiellement du kombu royal.
En 2013, Algolesko a obtenu le droit de cultiver tous types d’algues endémiques sur une concession de 150 hectares au large de Lesconil. L’entreprise n’avait jusqu’alors jamais exploité plus de 50 hectares.
À l’automne 2018, des plantules de kombu royal (essentiellement) ont été ensemencées sur la totalité de la concession.
Philippe Legorjus, président d’Algolesko, précise :
Il faut savoir que la culture d’algues exige d’importants capitaux. Il faut compter 1,5 million d’euros pour les 150 hectares.
Augmentation de capital
En 2016, il a racheté une grande partie des parts de Jo Thaëron et Jakès Prat, à l’origine de l’entreprise. « J’ai procédé à deux augmentations de capital, en 2017 puis 2018. Bezhin Breizh (NDLR la société de Jean-François Jacob) est aussi entrée au capital. Enfin, une nouvelle équipe est aux manettes. Elle est composée de six permanents », décrit Philippe Legorjus, 70 ans et une énergie débordante.
Ensemencées à l’automne, les algues seront récoltées entre mars et mai. Le patron espère atteindre les 100 tonnes.
« Une offre insuffisante »
Il ne s’inquiète absolument pas des débouchés : « L’offre est vraiment insuffisante. Une entreprise m’a dit qu’elle serait prête à m’acheter 200 tonnes ! »
Actuellement, les algues de Lesconil sont stockées et conditionnées dans un local à Loctudy où se trouve également la nurserie. Elles sont vendues fraîches, surgelées ou conservées dans du sel.
Algolesko a de nombreux clients bretons mais aussi allemands, italiens, belges, hollandais. En 2017-2018, son chiffre d’affaires a atteint 340 000 euros.
Philippe Legorjus ajoute :
Mon problème majeur est de produire davantage et mieux sur Lesconil. On peut améliorer le rendement en optimisant le process de récolte notamment.
L’entrepreneur aimerait remplacer la barge de 40 ans par « une moissonneuse-batteuse des mers ». La croissance de l’entreprise passera aussi par la mise en culture de la concession de 207 hectares obtenue à Moëlan-sur-Mer, Riec et Clohars-Carnoët.
Renouer le dialogue
Ce projet était au point mort depuis les procédures judiciaires engagées par plusieurs riverains et associations. En décembre 2018, la cour administrative d’appel de Nantes a rétabli l’autorisation d’exploiter. Les opposants ont jusqu’au 18 février pour formuler un recours devant le Conseil d’État. « J’essaye de renouer les fils d’un dialogue qui n’a jamais eu lieu », indique Philippe Legorjus. Le chef d’entreprise a quelques compétences en la matière : il était commandant du GIGN de 1985 à 1989.
Les opposants sont invités à découvrir le site de Lesconil. Philippe Legorjus espère ainsi lever les réticences.
La concession est ouverte. Elle n’est pas un obstacle à la navigation. Et puis, c’est une culture extensive : une filière tous les 30 m.
Impacts sur l’environnement ?
Les opposants craignent des impacts négatifs sur l’environnement. Le patron d’Algolesko avance le contraire : « A Lesconil, nous sommes en zone Natura 2000. Les algues concourent à l’amélioration de la qualité des eaux. » Algolesko commence à tester sur 23 hectares de l’aquaculture multitrophique intégrée qui associe algues, huîtres et oursins. « Les résultats sont prometteurs ! »
Sur le site de Moëlan-sur-Mer, Riec et Clohars-Carnoët, 10 hectares seront cultivés à l’automne 2019. « Nous allons ainsi voir comment le milieu naturel réagit. »
Philippe Legorjus inscrit son activité dans un cadre bien plus vaste : le développement de la filière algues en Bretagne de la culture à la transformation pour l’agroalimentaire, la cosmétique… en passant par la cueillette, la culture en bassin (comme Bezhin Breizh)… Algolesko entend devenir leader dans la culture d’algues endémiques.