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Seine-et-Marne. Braquage raté du tabac de Grisy-Suisnes : deux hommes jugés en comparution immédiate

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Le tabac-presse de Grisy-Suisnes avait été braqué à l'heure de la fermeture © Google street view

Le tabac-presse de Grisy-Suisnes avait été braqué à l’heure de la fermeture © Google street view

Comme le leur suggérait ironiquement la présidente, Isabelle Thery-Gaultier, à l’audience du tribunal correctionnel de Melun : « Messieurs, vous feriez mieux de changer de métier ! »

De fait, Pereira, 44 ans, et son complice Bruno, 36 ans, n’apparaissent pas vraiment comme des virtuoses du braquage lorsqu’ils sont présentés en comparution immédiate, encadrés de leurs quatre gendarmes à l’audience du mercredi 6 février. Ils sortent à peine d’une longue garde à vue de 48 heures, après leur arrestation par la compagnie de gendarmerie de Melun, survenue deux jours plus tôt.

Comme on dit ; ils ont été longs à se mettre à table… et les enquêteurs ont peiné à obtenir une version cohérente des faits. Ils remontent au 15 janvier ; une attaque à main armée commise contre le Tabac des Roses de Grisy-Suisnes, à 19 h 15, l’heure de la fermeture.

Il n’y a pas grand-chose à nier puisque tout, ou presque, a été filmé par les caméras de vidéosurveillance de la commune et de la boutique. Comme à la parade, ils sont passés et repassés six fois devant le magasin, attendant le moment propice. Le reste découle des nombreuses preuves qu’ils n’ont même pas pensé à effacer après les faits.

À visage découvert

Les deux malfaiteurs ont en effet agi à visages partiellement découverts en utilisant leur propre véhicule. Difficile de faire mieux. Plus de quinze jours après l’attaque, les gendarmes retrouvent l’arme chargée et même pas dissimulée dans le pavillon de Boussy-Saint-Antoine (91), occupé par Bruno (arme qu’il affirme avoir trouvée par hasard dans un champ). Ils retrouvent également les tronçons du fusil scié dans le coffre du véhicule du braquage.

Si les deux prévenus n’apparaissent pas vraiment comme des « terreurs », dans leur boxe, ils n’en ont pas moins marqué à jamais le commerçant, qui s’est retrouvé avec le fusil à canon scié braqué sur le ventre et a ainsi connu la peur de sa vie.

Bracelet électronique

On apprendra que cette attaque dans ce qui ressemble à un commerce tranquille d’un paisible village de Seine-et-Marne, est en fait la troisième du genre. La dernière en date, perpétrée par trois malfaiteurs avec une arme de poing, avait laissé le commerçant sur le carreau, la tête en sang ; il s’était en effet courageusement jeté sur ses agresseurs, qui d’ailleurs ne seront jamais retrouvés.

Une loi des séries qui le poussera à dire à la barre : « Le western, je connais ! ».

Cette fois, face au fusil de Pereira, il a préféré se dégager pour s’enfermer avec son épouse dans la réserve, à l’arrière du magasin. Pereira, quant à lui, s’acharnera quelques minutes sur le tiroir-caisse qu’il ne parvient pas à ouvrir avant de s’enfuir vers le véhicule où l’attend son complice.

Il faut dire que ce soir-là, Pereira est pressé de rentrer chez lui car il doit au plus vite « pointer » avec la police comme l’y contraint le bracelet électronique qu’il porte à la suite d’un précédent cambriolage… lui aussi déjà raté.

« Adrénaline »

Au cours de la longue audience, méthodiquement, la présidente du tribunal essaie de réunir les éléments de l’affaire avec cette question centrale « Pourquoi avez-vous commis cet acte ? » « L’argent ? », demande-t-elle aux prévenus totalement hébétés.

Pas vraiment… tous les deux travaillent et disposent de revenus. Da Silva, qui a une famille, mais pas de casier, pleure sur ce qu’il a commis et ce qu’il encourt, tandis que Pereira, qui ne comprend pas le français et dispose donc d’un interprète, peine à se justifier.

On apprend qu‘ils se sont décidés en quelques minutes, comme ça ! en parlant sur un coin de table, après une virée à Paris. Ils auraient ciblé le Tabac des Roses par hasard. On entend parler « dadrénaline », comme si ce besoin d’excitation dans leurs deux existences ternes, pouvait constituer un mobile.

Dans cette affaire correctionnalisée (mais passible de la cour d’assises puisqu’il s’agit d’une attaque à main armée), la procureure mettra en avant l’extrême dangerosité du mode d’action ? un fusil de chasse chargé. « On sait les dégâts que cela peut provoquer… Que ce serait-il passé si le commerçant, comme lors de sa précédente agression, avait résisté ? ».

Elle réclamera donc cinq ans et deux ans d’emprisonnement pour le braqueur et le chauffeur. Elle sera partiellement entendue puisque Pereira écope de trois ans de prison ferme, avec révocation du sursis en cours et mandat de dépôt, tandis que da Silva prend deux ans de détention aménageables. De quoi sentir l’adrénaline…

J-F. C.


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