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Fusillé au Plantis en 1944, Joseph Philippe reçoit la médaille de la Résistance à titre posthume

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Résistant, Joseph Philippe a trouvé la mort à 38 ans au Plantis

Résistant, Joseph Philippe a trouvé la mort à 38 ans au Plantis (©DR)

Le lundi 26 juin 1944, le soleil brillait sur la Normandie et le village du Plantis baignait dans cette chaleur estivale. Les Alliés avaient débarqué sur les plages normandes trois semaines auparavant, l’espoir renaissait chez les Français mais l’époque était placée sous le signe de la violence, les Allemands ne voulant rien lâcher. Aidée par des miliciens, la Gestapo traquait fébrilement les résistants, multipliant les exécutions sommaires. Les dénonciations allaient bon train et les résistants devaient, plus que jamais, être précautionneux.

Réfugiés dans une ferme

Joseph Philippe et Lucien Jarrier, qui appartenaient tous les deux au mouvement Vengeance, groupe de Courtomer, avaient trouvé refuge au Plantis, dans la ferme de la famille Brillant, au lieu-dit La Brosse, tout comme le colonel de Pelet, chef militaire de la Résistance de l’Orne. « C’était là, depuis longtemps, un asile sûr pour les gens de la Résistance, certains d’y trouver toujours un bon accueil », peut-on lire dans La Bataille de Normandie, Récits de témoins (Editions de Notre Temps).

Malheureusement, la Gestapo, aidée de la milice de Darnand (secrétaire général de la Milice française), avait réussi à localiser cette retraite.

Le 26 juin 1944, vers 11 h, quatre miliciens et trois Allemands sont brusquement entrés dans la ferme, à la recherche du colonel de Pelet, d’Emile Brillant et de ses deux fils. Durant près de deux heures, ils s’acharnèrent sur Armelle Brillant pour la faire parler, en vain, mais ils finirent par découvrir Joseph Philippe, alias Jacques Prunet et Lucien Jarrier. Ce dernier réussit à s’enfuir, mais pas Joseph.

« Fusillé à bout portant »

« [Joseph] Philippe a été interrogé, frappé sauvagement et devant son refus de répondre aux questions qu’on lui posait, il a été aligné au mur de l’écurie et fusillé à bout portant par la milice et la Gestapo », a rapporté Armelle Brilland aux gendarmes, propos consigné dans un rapport daté du 13 avril 1945.

Le Dr Chesneau, de Sainte-Scolasse, qui a examiné le jeune fusillé, a dénombré 29 orifices causés par balles. Le 28 juin 1944, il a été inhumé au cimetière communal (transféré par la suite dans la nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonnieure, Charente).

Syndicaliste et militant communiste

A 38 ans, Joseph Philippe a ainsi trouvé la mort au Plantis, loin des siens, en défendant des valeurs qui lui étaient chères. Fils de cheminot militant SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) et d’une mère sans profession, Joseph était né en 1906 dans la Manche. Marié et père d’une petite fille, il vivait au Mans, dans la Sarthe et exerçait la profession d’ouvrier mécanicien. Il était syndicaliste et militant communiste.

Démobilisé en octobre 1940, il fut interné (pour raison politique) successivement à Saint-Lô (Manche), Rennes (Ille-et-Vilaine), Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) à partir du 8 février 1941 puis transféré à une date inconnue à Rabastens (Tarn). Réussissant à s’évader le 29 mars 1943, il rejoignit alors le maquis au sein du mouvement Vengeance, groupe de Courtomer à partir du mois d’octobre 1943.

« Mort pour la France »

Joseph Philippe a obtenu la mention « Mort pour la France », le titre d’Interné Résistant, l’homologation au titre de la Résistance Intérieur Française (RIF) ainsi que la carte de Combattant Volontaire de la Résistance (CVR).

Il a été inhumé dans la nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente). Son nom figure sur un monument aux morts de Granville (Manche), sur une plaque commémorative de l’église du Plantis ainsi que sur une plaque commémorative au Mans (Sarthe) en hommage aux communistes sarthois morts pour la France.

Cérémonie officielle samedi 9 février 2019

Il lui manquait cependant la prestigieuse médaille de la Résistance. Un oubli qui a été réparé récemment grâce au travail de recherches mené par son petit-neveu Sébastien Corrière, dont la grand-mère était la sœur aînée de Joseph et qui lui parlait souvent de son « grand frère ».

C’est ainsi que par décret présidentiel du 4 avril 2018, la médaille de la Résistance française a été décernée à Joseph Philippe à titre posthume. Elle sera remise à Sébastien Corrière qui représentera la fille de Joseph, lors de la cérémonie officielle qui se déroulera samedi 9 février 2019à l’hôtel national des Invalides, à Paris.


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