
Dans la cave du réparateur de motos de Gisors, dans l’Eure, les gendarmes avaient trouvé 150 plants de cannabis et le matériel pour les faire prospérer. (©Le Courrier/L’Écho – Photo d’illustration)
Selon ses voisins, Alain C., 34 ans à l’époque, domicilié lors des faits à Gisors, dans l’Eure, était un « type sympa qui aimait rendre service ».
Sans travail, il vivait a priori exclusivement de son activité de réparation et de revente de motos.
Pourtant, dans la nuit du 22 au 23 mars 2015, le chic type a pété les plombs en tirant une balle caoutchouc à bout portant dans la tête de l’un de ses clients.
Ce dernier, qui lui avait acheté deux motos, souhaitait récupérer les cartes grises. Et bizarrement, il se heurtait à un refus narquois.
Alors, le 22 au soir, le client en colère a bu cinq verres de rhum. Puis, au milieu de la nuit, il a pris sa voiture et a fait du « burn » devant le domicile du vendeur pour, comme il le confiera plus tard dans sa déposition, le « faire chier ».
Blessé à la tête
Manifestement, il est parvenu à ses fins car, lassé par le bruit incessant des crissements de pneus devant chez lui, le marchand de motos est sorti armé d’un pistolet gomme-cogne.
La suite ? Une belle bagarre et… un coup de feu.
Transportée à l’hôpital avec un traumatisme crânien, quatre plaies, dont une de 12 cm sur la tête, et un cuir chevelu éclaté, la victime a bénéficié de huit jours d’Interruption temporaire de travail.
Une culture de cannabis dans la cave
Bien évidemment, les gendarmes se sont rendus au domicile de l’agresseur où ils ont découvert… 150 plants de cannabis dans la cave, des lampes au sodium et le matériel du parfait cultivateur de l’ombre.
L’homme leur avait alors expliqué :
Depuis mon opération des cordes vocales, je souffre terriblement. Seul le cannabis me calme.
Et de confier au sujet du gomme-cogne :
Je ne voulais pas tirer. Je ne comprends pas comment le coup est parti. Cela a du se produire quand j’ai pris appui au sol pour me relever. Comme la victime continuait à me frapper, j’ai été obligé de lui donner un coup de crosse sur la tête.
Peut-être. Reste que selon l’expert en balistique, le pistolet étant un simple action, le coup ne pouvait pas partir tout seul.
Aux abonnés absents
Enfin, l’enquête n’a pas exclu que certains voisins étaient informés de la culture de cannabis, Alain C. aimant effectivement « rendre service ».
Après neuf mois de détention provisoire, le suspect a été placé sous contrôle judiciaire. Convoqué au tribunal d’Évreux et demeurant désormais à Samois-sur-Seine (77), il n’a jugé utile de faire le déplacement.
Une absence qui n’a guère surpris l’avocat de la victime, Me Taffou rappelant que « la rumeur en faisait un multicarte de la délinquance à Gisors ».
Avant de requérir 36 mois de prison ferme avec mandat d’arrêt, contre le prévenu, la procureure adjointe dira quant à elle :
Sous contrôle judiciaire, il devait se présenter et là, il est aux abonnés absents. L’hypothèse du coup de feu volontaire est vraisemblable car le pistolet disposait d’une sécurité fonctionnelle. Le coup ne pouvait pas partir sans exercer une pression minimale de 2,2 kg sur la détente.
Prison ferme et mandat d’arrêt
Au final, l’ancien réparateur et vendeur de motos de Gisors a été condamné à 2 ans de prison ferme avec mandat d’arrêt.
Le tribunal a également suivi l’avocat de la victime en demandant une expertise médicale et les dommages et intérêts sont renvoyés sur intérêts civils au 24 septembre.