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Justice. Prison ferme pour un habitant de Flers pour avoir battu et volé une personne vulnérable à Briouze

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Un jeune homme domicilié à Flers a été condamné à une peine de prison ferme pour avoir violenté un homme sous tutelle à Briouze.

Un jeune homme domicilié à Flers a été condamné à une peine de prison ferme pour avoir violenté un homme sous tutelle à Briouze.

Il demandait une toute « dernière chance » de faire ses preuves. Le tribunal correctionnel d’Argentan n’a pas cru ce jeune Flérien, et l’a condamné, vendredi 1er mars 2019, à 12 mois de prison, dont 8 avec sursis.

Une peine juste en deçà des réquisitions de la substitute du procureur, assortie d’une mise à l’épreuve de 24 mois et d’une obligation de soins.

Le prévenu, âgé d’à peine 18 ans, a été jugé en comparution immédiate, « au regard de la gravité des faits, de la personnalité toxique, pour lui-même et pour les autres, de leur auteur », justifie la subsitute Nirmala Gnanou.

Egalement « pour donner un coup d’arrêt » à son parcours, et à son comportement « détestable » depuis un an.

Il est poursuivi pour violence aggravée en récidive, suivie d’une ITT de 4 jours, pour extorsion et tentative d’extorsion en récidive sur une personne vulnérable, et pour la dégradation de son bien.

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Coups répétés

Mardi 26 février 2019, la victime, un habitant de Briouze placé sous curatelle, demande aux employés au guichet de l’agence du Crédit agricole de « prévenir la police ». 

L’homme de 36 ans dit avoir déjà été frappé, à plusieurs reprises, par les deux garçons qui l’attendent dehors, et a peur d’être « violenté » à nouveau. L’alerte donnée met en fuite les deux suspects.

Le premier, encore mineur, est conduit le lendemain par ses parents à la gendarmerie. Le second, le prévenu, à peine majeur, est retrouvé jeudi 28 février 2019 chez son père à Flers. Il est placé aussitôt en garde à vue.

Tous deux ont rencontré la victime une semaine plus tôt. Ils s’invitent plusieurs fois à son domicile, pour apparemment boire de l’alcool, fumer des cigarettes et du cannabis. L’un des deux est accompagné d’un chien.

C’est là, d’après la présidente du tribunal, Marie-Paule Regnault-Lugbull, que « les choses ont dégénéré ».

D’après les constatations, la victime, encore hospitalisée et absente à l’audience, a été frappée sur tout le corps et à la tête, « plusieurs fois, sur plusieurs jours, à plusieurs moments de la journée », énonce la présidente.

L’habitant de Briouze en ressort, d’après Marie-Paule Regnault-Lugbull, avec un oeil au beurre noir, un hématome au pectoral gauche et un autre, « énorme », au niveau de la hanche, des traces de brûlures et des griffures sur le dos, des bleus sur le haut d’une jambe.

Il a été notamment battu avec une tringle à rideau en bois de 2 m. Présentée à l’audience. Elle a été cassée en 2 sous le choc. L’un des morceaux a été recouvert de scotch noir.

« Pas mis autant de coups »

« Vous reconnaissez l’avoir frappé ? », demande la présidente au prévenu. « Vous reconnaissez vous en être pris à lui ? »

Le jeune accusé se reprend plusieurs fois pour préciser les coups dont il a été l’auteur. Au départ, il répond :

Faut pas croire tout ce que dit la victime. Il est un peu taré, fou, alcoolique. Il a essayé de me prendre à la gorge, je lui ai donné un grand coup de pied au niveau de l’estomac. »

Plus tard, il admet lui avoir « mis une balayette. Je l’ai poussé, et il est tombé ».

Puis il fait le décompte : « 3 claques, une béquille, 2 balayettes. »

Je reconnais l’avoir frappé. Mais je n’ai pas mis autant de coups pour qu’il ait toutes ses blessures. Le coup de genou dans le thorax, je ne vais pas vous mentir, c’est moi quand il m’a demandé de partir et m’a pris à la gorge. Mais je ne lui ai pas donné de coup de poing. Pas de griffure, car je n’ai pas d’ongles pour le griffer. Je ne l’ai pas touché avec la tringle. »

La tringle, « pas une arme »

L’usage de la tringle à rideau a fait l’objet de plusieurs questions à l’audience.

La présidente du tribunal, d’abord : « Pour vous, cette tringle à rideau, c’est un jouet ? »

Le prévenu rétorque : « C’est lui qui est tombé sur la tringle. Je ne lui ai pas donné de coup avec. J’ai mis le scotch, que j’ai trouvé chez lui, autour de la tringle, pour m’amuser, le temps d’attendre. »

Désignant le morceau enroulé de scotch, la présidente observe :

Cela vous fait une belle arme, ça. »

Le jeune homme, au visage encore poupin, s’indigne un peu : « Je n’ai pas voulu faire ça comme une arme… C’est mon collègue qui a donné les coups de tringle. »

Il prétend qu’il était assis sur le canapé, brûlé par la suite. Selon lui, la victime, recouverte par une couette, n’a pas pu voir qui le frappait avec la tringle.

La substitute du procureur lui reproche de ne pas avoir stoppé son complice – « Je lui ai dit d’arrêter, il ne voulait pas. »

Ou de ne pas avoir appelé la police – « Je ne vais pas vous mentir, je n’aime pas la police. »

20 € chacun

Le prévenu connaissait-il l’état de santé de la victime ? A-t-il tenté d’en profiter ? A ce sujet, il reste évasif.

Je ne savais pas qu’il était sous curatelle. C’est après avoir été à la banque qu’il nous l’a dit. »

Au début, selon le plaignant, les deux complices lui auraient demandé 300 €. Sous son régime protégé, il ne peut retirer au guichet que 80 € tous les 15 jours. Il n’a pu leur céder que 20 € chacun.

Le prévenu l’aurait menacé en ces termes : « Si t’as pas les sous mardi [26 février 2019], je te nique. »

A l’audience, celui-ci précise : 

Oui, je suis resté chez lui pour l’argent, afin qu’il me dédommage pour mon téléphone cassé. »

Pour Me Olaf Le Pasteur, avocat des parties civiles, « le dossier est un peu désagréable » :

Le scénario qui s’est mis en place rapidement, avec la victime placardée d’ecchymoses, aurait pu se terminer de manière bien plus grave. »

Il demande pourtant le renvoi de l’affaire.

Saisi « en urgence » par l’union départementale des associations familiales (UDAF) de l’Orne, il demande une expertise médicale pour évaluer le « retentissement » sur la santé mentale de son client. Et chiffrer le préjudice.

« Un sacré passif »

L’avocate de la défense s’oppose elle au réquisitoire sévère de la substitute du procureur, demandant 18 mois de prison, dont 6 ferme, pour « sortir le prévenu de sa dynamique actuelle ».

Pour elle, son jeune client « n’a pas reconnu les faits pour rien, il n’a pas demandé une dernière chance pour rien, la garde-à-vue a quand même été un choc, et passer du tribunal pour enfants à la comparution immédiate et l’incarcération, c’est trop ».

Elle avance que ce « tout jeune majeur part avec un sacré passif. Il se traîne des problèmes psychologiques, qui l’obligent à boire et fumer pour se calmer ».

A tout juste 18 ans, le prévenu a déjà subi une vie heurtée. Parents divorcés. Abus sexuels commis par son nouveau beau-père (qui a été condamné). Scolarité arrêtée au collège.

Sans revenu, sans emploi, plus accompagné par la mission locale de Flers, il vit chez seul chez un autre beau-père.

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Des circonstances qui n’ont pas atténué sa peine.

Déjà condamné en décembre 2018 par le tribunal pour enfants d’Alençon pour le vol et le recel de 70 € et poursuivi en mars 2019 par le tribunal d’Argentan pour une autre affaire de vol avec violence, le prévenu va passer les 4 prochains mois en prison.

Encadré par 3 gendarmes, il n’a pas semblé comprendre immédiatement la sentence. Le tribunal prononce son incarcération immédiate. La présidente espère qu’ainsi « cela soit fini de votre comportement ».


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