
Ces deux skippers normands, Louis Duc et Alexis Loison, écument les courses au grand large. (©Illustration/Carac)
Sans être citée clairement, la Bretagne a souvent été évoquée, mercredi 6 mars 2019, lors de la présentation du nouveau plan nautique normand, à Sainte-Adresse, au Havre (Seine-Maritime).
Avec ses 640 kilomètres de côtes, ses 35 ports et ses 40 000 licenciés nautiques, la Normandie n’a pas à rougir. Malgré la présence de la Transat Jacques-Vabre au Havre (Seine-Maritime), de la Solitaire du Figaro à Dieppe et des skippers normands qui enchaînent les titres, la Normandie est loin de représenter une terre de nautisme auprès du grand public.
Pour le vice-présidente de la @RegionNormandie, il y a un réel potentiel à développer les offres touristiques nautiques : « Il n’y aucune raison que d’autres régions, que je ne citerai pas, bénéficie de cette attractivité. La #Normandie n’a pas à rougir de son territoire »
— Normandie-Actu (@NormandieActu) 6 mars 2019
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« Chacun travaille dans son coin »
La Région Normandie a alors effectué un grand diagnostic pour essayer de comprendre pourquoi. « Nous avons identifié des atouts et des faiblesses », souligne Marie-Agnès Poussier-Winsback, vice-présidente en charge du tourisme et de l’attractivité à la Région Normandie et en charge d’élaborer le plan nautique normand.
Pour elle, les nombreux acteurs normands du nautisme « fonctionnent trop en silo » :
Tout le monde fait beaucoup de choses, mais chacun travaille dans son coin, que ce soit la voile, le kayak, la plongée… Et personne ne sait ce que fait l’autre. Aujourd’hui, nous devons travailler tous ensemble, jouer collectif et être capable de proposer des offres diversifiées.
Car selon Marie-Agnès Poussier-Winsback, « les gens veulent désormais faire un jour du kayak, un jour de la voile, un jour du paddle… Et nous avons les moyens de le faire ! »
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Une filière qui se structure
L’élue régionale en est convaincue, mais aussi Francis Le Goff, directeur de la Ligue de voile de Normandie : « Nos clubs doivent choisir une voie différente que le tout sportif en proposant d’autres offres pour le public touristique. »
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De son côté, Michael Dodds, le directeur de l’Agence d’attractivité de Normandie, qui a travaillé neuf ans en Bretagne, souligne que c’est la filière toute entière qui doit se structurer :
Quand une personne voit un kitesurfer de la plage et a envie d’essayer, nous devons pouvoir lui proposer cette activité rapidement. Mais ce n’est pas si simple, il faut que toute la filière soit structurée.
Les Normands, pas vraiment des marins
Ce diagnostic met aussi en avant que les Normands se sont encore trop peu appropriés les activités nautiques. Pour y remédier, la Région veut financer un cycle de 12 heures d’initiation pour les lycéens et apprentis.
« L’appropriation des activités nautiques par les Normands reste à conquérir », assure Marie-Agnès Poussier-Winsback pic.twitter.com/mFtedXsqlT
— Normandie-Actu (@NormandieActu) 6 mars 2019
L’objectif est également d’attirer les passionnés de nautisme, et notamment les Parisiens. « Au lieu d’aller naviguer à La Trinité-sur-Mer ou à Marseille, il faut qu’ils viennent chez nous ! », souligne Gildas Gautier, le directeur du port du Havre, qui remarque une part croissante de Parisiens dans le port du Havre.
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Un pôle d’excellence au Havre comme à Port-la-Forêt ?
Enfin, la Région veut évidemment soutenir les sportifs de haut niveau et faire émerger un pôle d’excellence un peu comme le pôle « Finistère course au large » de Port-la-Forêt, en Bretagne. « On a tout ce qu’il faut ici au Havre, assure Marie-Agnès Poussier-Winsback. Mais il faut faire émerger l’image de marque. »
Pour ce faire, la Région s’est notamment engagée à hauteur de 540 000 euros auprès du skipper Alexis Loison, qui navigue sur un Figaro aux couleurs de la Normandie pour les saisons 2019/2020.
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Ce nouveau plan nautique se veut donc ambitieux, même si pour l’heure il n’y a pas de budget défini. « Nous venons en appui, au cas par cas, aux côtés des Départements, des intercommunalités, des communes, des ligues sportives… avec des aides financières, mais aussi des soutiens en communication par exemple. C’est vraiment difficile de donner un budget global », souffle Marie-Agnès Poussier-Winsback.
La Normandie n’a pas vraiment à rougir de son dynamisme maritime, mais elle est encore loin d’être à la hauteur de la Bretagne. Ce nouveau plan normand pourrait-il changer la donne ?