Toutes trois lycéennes et âgées de 17 ans, Yeliz Akturk, Alexia Marguier et Maissa Ljabri participeront à ce Grand débat. (©Voix du Jura)
Elles s’appellent Alexia Marguier et Maissa Ljabri, et à 17 ans, elles sont les organisatrices du Grand débat organisé à destination des lycéens et étudiants, le 9 mars 2019 à l’Espace Mouillères.
Membres du collège des jeunes au sein du conseil d’administration de l’association Maison Commune, les deux lycéennes ont eu l’idée d’organiser à leur tour une session du Grand débat national, après celle organisée le 28 février 2019 à la Marjorie (lire ci-dessous).
« Nous connaissons de nombreux jeunes qui sont intéressés par les sujets nationaux et qui aiment bien débattre. Le problème, c’est que face à des adultes, ils n’osent pas toujours parler. C’était donc plus simple pour nous de les convaincre de participer à un débat organisé par nous et pour nous. Entre jeunes, nous n’avons pas besoin de chercher nos mots, on s’exprime plus facilement, sans la peur du jugement des adultes qui sont plus instruits que nous », explique Alexia Marguier.
Lons-le-Saunier : Le Grand débat se fera aussi à la Marjorie grâce à l’association Maison Commune
Faire entendre sa voix
Un débat que ces jeunes femmes ont souhaité officialiser dans le cadre du Grand débat national, « afin de motiver d’autant plus les jeunes à prendre la parole, vu que tout sera remonté au niveau national. Souvent, nous avons l’impression que l’on n’entend pas notre voix ; là c’est un bon moyen de se faire entendre. »
Samedi 9 mars 2019, dès 13 h 30, les jeunes lycéens et étudiants qui viendront participer à ce débat s’installeront donc autour de tables rondes pour discuter de quatre sujets retenus : « La transition écologique » ; « Démocratie et citoyenneté » ; « Travail, formation et avenir » ; et « La justice est-elle juste ? ».
Un débat encadré par des animateurs de l’association, dont ressortiront certainement de nombreuses propositions, lors de la dernière demi-heure de retranscription générale.
Ce jour-là, Yeliz Akturk, 17 ans également et camarade d’Alexia et Maissa prendra part aux débats, particulièrement sur le thème du travail et de la formation, craignant pour « l’arrivée du nouveau bac et son avenir professionnel. Je vais être obligé de partir de Lons-le-Saunier pour mes études après, et cela coûte cher, tant pour le logement, que pour les transports ; j’ai des choses à dire à ce propos. »
Mais la jeune femme le reconnaît, le débat ne sera pas évident pour tous : « en tant que jeunes, nous sommes nombreux à nous mettre des barrières, à se dire que ce genre de débat n’est pas pour nous. Souvent ce sont des mots qui nous font peur, comme citoyenneté ou politique ; des termes que l’on ne maîtrise pas bien. Mais c’est important de venir, de faire entendre notre voix. »
Des barrières sociales
Des barrières que les jeunes filles constatent chez certains de leurs camarades, dues également à leur situation sociale. « Même si je n’aime pas le terme de quartier, et que les jeunes des Mouillères ou de la Marjorie sont les mêmes que les autres, il existe pourtant une différence de mentalité avec ceux qui vivent en centre-ville. Nous n’avons pas la même vision de l’avenir, nous sommes plus défaitistes parfois. C’est aussi l’image que l’on nous renvoie de nos quartiers. Pour autant, je souhaite que tous les jeunes viennent à ce débat ; de la ville, des quartiers ou des villages alentour. Nous avons des points de vue différents sur certaines choses et pour autant, nous avons peut-être des solutions communes à apporter, une vision des choses qui peut se rejoindre », détaille Alexia Marguier.
Une démocratie participative à laquelle ces jeunes semblent avoir pris goût, à tel point que si leurs camarades sont au rendez-vous et intéressés par l’expérience, « nous renouvelleront ces débats plusieurs fois dans l’année, même si le Grand débat national est terminé ».
Un premier débat et 48 propositions
Le 28 février 2019, la Maison Commune organisait un premier Grand débat, réunissant une soixantaine de personnes.
Durant toute la soirée, chacun a été amené à faire des propositions autour de tables rondes, abordant quatre des sujets proposés par le gouvernement, ainsi qu’un thème libre. Des débats nourris qui ont permis de faire ressortir 48 propositions qui seront transmises à la tête de l’État.
Parmi le thème « Démocratie et citoyenneté », ont été proposés, entre autres, la reconnaissance du vote blanc, la suppression du quinquennat au profit d’un mandat présidentiel unique de 6 ou 7 ans, ou encore l’instauration d’un scrutin proportionnel aux élections parlementaires ; parmi le thème « Organisation de l’État et des services publics », ont été proposés la limitation de la politique du « tout numérique », amplificateur de désertification des zones rurales par la suppression de services publics de proximité, ou la simplification de l’organisation territoriale par la suppression de certaines collectivités ; parmi le thème « Fiscalité et dépenses publiques », ont été proposés la suppression des niches fiscales, la diminution du taux de l’impôt sur les sociétés, la réduction de la TVA sur les produits de première nécessité, ou la restauration de l’impôt sur la fortune ; parmi le thème « Transition écologique », ont été proposé la hausse de la TVA sur les produits non éco-responsables, l’organisation d’un référendum sur le recours à l’énergie nucléaire, ou la mise en place de cours d’éducation écologique dès l’école primaire ; enfin, parmi les sujets libres, ont été proposés l’interdiction des frais bancaires sur les découverts, l’ouverture des administrations au public le samedi, ou encore la généralisation de la formation professionnelle continue.