
A Livarot (Calvados), l’activité a cessé dans l’atelier relais, qui accueillait l’usine Sophie H & Co. (©Le Pays d’Auge)
Cela fait maintenant plusieurs semaines que la production des Bruschetta de Sophie s’est arrêtée dans l’usine Sophie H & Co à Livarot (Calvados). L’information a été révélée par nos confrères de Ouest France.
Un succès rapide
« Je suis triste pour les dirigeants et les employés qui ont cru avec les élus à ce projet sérieux », regrette Sébastien Leclerc, député.
L’histoire avait pourtant bien commencé. En 2015, Sophie Hamer crée la société Sophie H & Co et se lance dans les bruschettas, une spécialité italienne. Une ligne de production est implantée dans les locaux de Stefano Toselli, à Mézidon (Calvados).
Le succès ne se fait pas attendre : le projet remporte même le Trophée PME Carrefour de l’innovation dans sa catégorie, lui assurant un référencement national dans les magasins Carrefour.
Au départ, « un projet très séduisant »
Il s’agit alors de se développer, et d’avoir son propre site de production. Après plusieurs réunions avec les élus locaux, c’est la communauté de communes du Pays de Livarot qui est choisie.
Sébastien Leclerc, alors président, se souvient :
« Ce projet était très séduisant de par la qualité et le sérieux des porteurs (ndlr : Sophie Hamer et Douglas Hamer, gérant de Stefano Toselli à Mezidon) et le produit en lui-même, la bruschetta, très innovant et inexistant sur le marché ».
4,4 millions d’euros
Le Pays de Livarot se lance dans la construction d’un atelier relais de 2 700 m², dans lequel Sophie H & Co doit s’implanter en y apportant les spécificités liées aux normes de l’agroalimentaire et ses équipements. Pour la collectivité, le coût du projet est estimé à 4,4 millions d’euros (avec plus de 30 % d’aides du Département, de la Région et de l’État).
Le bâtiment sort de terre en un temps record. Les premières bruschettas sortent le 19 septembre 2016, une dizaine d’emplois est créée. Le site est inauguré en grande pompe, on espère même la création de 49 emplois d’ici trois ans.
Un « coup de massue » pour les finances de l’agglomération
Mais moins de trois ans plus tard, la production cesse. Pourquoi ? Nous n’avons pas réussi à contacter Sophie Hamer.
« La société Sophie H & Co, malgré un produit très innovant et apprécié, n’a pas réussi à imposer ses produits de façon durable dans le secteur très concurrentiel de la grande et moyenne surface », explique Sébastien Leclerc.
S’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour l’emploi à Livarot (après les fermetures de Bloc miroir et France Ouest Imprim), c’est aussi « un coup de massue pour les finances de l’agglomération », selon François Aubey, président de Lisieux-Normandie.
La société Sophie H & Co, qui continue de payer son loyer, a contracté un bail commercial de 3 ans avec la CdC Pays de Livarot, qui se termine à la fin de l’année.
« Assumer le risque pris par le Pays de Livarot »
Et après, que se passera-t-il ? Le loyer, estimé à 20 000 € par mois, permet de rembourser une partie des emprunts. Des emprunts qui retombent dans l’escarcelle de Lisieux-Normandie, au grand dam de François Aubey :
« L’agglomération va assumer le risque pris par l’ancienne communauté de communes du Pays de Livarot (ndlr : intégrée à Lisieux-Normandie depuis 2017) ».
C’est pourquoi la communauté d’agglomération Lisieux-Normandie a aussi demandé à ses services « de déployer leurs réseaux afin de trouver une entreprise au plus vite » pour investir les locaux.
Un « bâtiment fonctionnel » et des « contacts prometteurs »
Pour Sébastien Leclerc, « sur le point de vue industriel, l’arrêt de l’entreprise est forcément un échec ». Mais « compte tenu de l’expertise de ses dirigeants, ce bâtiment est hautement fonctionnel et très rapidement réexploitable par toute entreprise du secteur agroalimentaire », assure-t-il.
Le député annonce :
« De nombreuses démarches ont été entreprises par la société Sophie H & Co auprès de cabinets privés, d’organismes publics et consulaires afin de trouver un repreneur. De nombreux contacts prometteurs ont été pris et des discussions sont en cours ».