
Les musiciens Pascal Amoyel, Zhen Zu, Gaëtane Prouvost et Emmanuelle Bertrand jouent cette version de la « danse macabre » sous la direction de Jean-Jacques Kantorow. (©DR/Montage : Lille Actu, avec Fotor)
Ils sont cinq, un peu comme au poker. Gaëtane Prouvost (violon), Su Zen (alto), Emmanuelle Bertrand (violoncelle) et Pascal Amoyel (piano), placés avec l’orchestre de Douai (Nord), sous la direction de Jean-Jacques Kantorow (directeur artistique de l’orchestre de Douai), se feront les interprètes d’un programme musical original sur le thème de la danse macabre, samedi 16 et dimanche 24 mars à Douai (Nord).
Des images à la musique
Présente dans l’imaginaire européen depuis le Moyen Âge et mêlant les vivants et les morts, sa représentation depuis le XVe siècle fonctionne comme une sorte de Vanité qui nous rappelle que riches ou pauvres, la mort sera pour tous au rendez-vous. Cette leçon de morale se fit d’abord en images sous la forme de fresques sur les murs des églises et dans les cimetières, mais les musiciens ne furent pas en reste.
Le thème du Dies Irae repris par les compositeurs dès le XVIe siècle traverse beaucoup de chansons populaires et fait partie depuis des siècles de la liturgie catholique.
XIXe et XXe
Au cours de ce concert, c’est le XIXe et le XXe siècle qui seront à l’honneur avec la fameuse Danse macabre de Camille Saint-Saëns créée en 1875. Subjugué, Franz Liszt en écrivit une version pour piano.
Tout commence après minuit par le bal conduit par Satan. La Mort accorde son violon pour mener un infernal sabbat qui ne cessera qu’au lever du jour. Cette musique très cinématographique a été utilisée au cinéma comme à la télévision.
Mais revenons à Liszt qui devança Saint-Saëns en créant en 1849 sa Totentanz parcourue de manière obsessionnelle par le thème du Dies Irae et dont l’écriture pianistique démoniaque a donné du fil à retordre à plus d’un pianiste.
Cette pièce, l’une des plus difficile du répertoire, annonce déjà la modernité pianistique d’un Bartok ou d’un Prokofiev. Plus près de nous c’est Olivier Greif qui écrivit en 1998 son Concerto pour la Danse des Morts pour piano, violon alto, violoncelle et orchestre.
Le thème de la Danse macabre m’a toujours fasciné, et notamment sa vision – singulièrement moderne – d’une Mort abolissant dans sa danse tous les clivages traditionnels de la société », nous dit Olivier Greif qui, dans son final tournoyant, utilise aussi le fameux Dies Irae.
En écoutant cette œuvre, nul doute que vous penserez à cette phrase d’Olivier Greif, mort en 2000 à l’âge de 50 ans et dont la musique n’est pas assez souvent jouée :
Un jour viendra – je ne serai plus de ce monde – où ma musique vous submergera par son évidence.

Représentation de la danse macabre, par Holbein. (©DR)
Françoise Objois
Infos pratiques :
Dates des concerts à venir :
– dimanche 24 mars 2019, Auditorium Henri Dutilleux, Douai. Tél. 03 27 71 77 77. Infos complémentaires sur le site officiel de l’orchestre de Douai.
– concerts découvertes « musique de chambre » de Saint-Saëns, Liszt et Greif : samedi 16 Mars 2019, 18h, Château Treuffet , Douai. Réservation obligatoire au : 03 27 93 58 03.