
L’interdiction de manifester annoncé par le gouvernement concernera un large périmètre qu’il reste à définir et ne se limitera à la place du Capitole, régulièrement prise pour cible comme lors de l’acte XII, le 2 février 2019. (©Frédéric Scheiber / Actu Toulouse)
A Toulouse, les gilets jaunes auront bien l’interdiction de manifester place du Capitole, mais pas que.
Venu commémorer, mardi 19 mars 2019, les attentats de Toulouse, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a précisé les annonces d’interdiction de manifester du gouvernement la veille.
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« La place du Capitole, seule évoquée par Edouard Philippe dans son discours, ne devra pas être le seul lieu de Toulouse concernée par cette interdiction », confirme Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, qui s’est entretenu avec le ministre en marge des commémorations.
Un plus large périmètre a définir
Le maire de la Ville rose, se dit « rassuré » tant les 18 samedis consécutifs de mobilisation des gilets jaunes « ont impacté bien des secteurs de Toulouse ». Il poursuit :
L’interdiction de manifester concernera un plus large périmètre. Il devra être adapté à la réalité du problème et sera déterminé par le préfet. En ma qualité de maire, je pourrai donner mon avis avant la prise de l’arrêté préfectoral.
Il appartient au préfet de Haute-Garonne Etienne Guyot de délimiter cette zone, selon ses observations et l’expertise du délégué départemental de la sécurité publique. Le maire de Toulouse espère une mise en oeuvre dès samedi 23 mars 2019.
« Le droit de pouvoir se balader en ville »
Pour Jean-Luc Moudenc, « ce dispositif peut provoquer une prise de conscience. Cette mesure peut et doit conduire les gilets jaunes à déclarer leurs manifestations, à discuter avec la préfecture et tomber d’accord sur un parcours cohérent. Le préfet n’interdirait pas une manifestation dont le parcours serait cadré ».
Il faudrait que les gilets jaunes les plus raisonnables prennent le dessus sur les plus radicalisés et respectent le droit pour les gens de se balader tranquillement en ville, un droit piétiné depuis 18 semaines.
Pour le maire de Toulouse, interdire ainsi de manifester témoigne de la part de l’Etat d’ « un acte d’autorité à l’heure où nos concitoyens sont dans l’incompréhension après 18 samedis où la même scène s’est répétée ».
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« Les forces de l’ordre limitent le contact »
Des scènes de désordre impressionnant conduisant à des situations incontrôlables et le sentiment, pour beaucoup, de voir les forces de l’ordre complètement submergées par les manifestants. A ce sujet, Jean-Luc Moudenc prend la défense des CRS et gendarmes mobiles, dénonçant « une mission rendue délicate chaque samedi par un mouvement imprévisible, ne déclarant pas le parcours de ses manifestations à l’avance, n’ayant pas la volonté de rester forcément groupés ».
J’ai également le sentiment que les forces de l’ordre ont la consigne de limiter le contact avec les manifestants, avec les casseurs, pour tout simplement éviter qu’un drame ne se produise.
Aucun renfort annoncé
En tous les cas, les forces de l’ordre ne devraient pas voir leurs effectifs renforcés. Toujours selon Jean-Luc Moudenc, qui a questionné le ministre à ce sujet, ce n’est pas, pour l’heure, à l’ordre du jour.
Je rappelle que Toulouse est comprise, au plan administratif, dans une vaste zone de défense commandée depuis Marseille. C’est donc le préfet de Marseille qui rend les décisions en la matière, après avoir été sollicité par les différents préfets… Je milite depuis de nombreuses années pour que l’Occitanie dispose de sa propre zone de défense avec Toulouse pour siège.
Cette mise à disposition de renfort sera peut-être à l’ordre du jour à l’approche d’une date qui ne rassure personne du côté de la préfecture et de la mairie de Toulouse : celle du samedi 13 avril, qui pourrait être la date d’un « très gros acte » à Toulouse selon l’une des figures des gilets jaunes Maxime Nicolle.
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« J’ai cette information et nous la prenons au sérieux. Vu ce qu’il s’est passé ces 18 derniers samedis, nous ne pouvons être que inquiets », soupire Jean-Luc Moudenc.