
Fabienne Gicquel, agricultrice à Saint-Gonnéry ; Sophie Beausire, animatrice de l’association Nov’Agri ; Christelle Bauché, agricultrice à Noyal-Pontivy et présidente de Nov’Agri.
(©Pontivy Journal )
Tous les dix ans, dans le Morbihan, les femmes travaillant dans l’agriculture se retrouvent : elles s’appellent les agri-actrices. Elles se sont battues pour être reconnus par leurs pairs masculins.
« Nous affirmons notre place »
« Il y a de moins en moins de femmes qui travaillent dans les fermes, mais il y a de plus en plus de cheffes d’exploitation. » Fabienne Gicquel est elle-même exploitante agricole à Saint-Gonnery, près de Pontivy. Les femmes prennent de plus en plus le pouvoir dans les fermes !
Dans le Morbihan, elles représentent 25 % des chefs d’exploitation, 26 % au niveau régional. « Nous affirmons notre place, c’est un métier comme un autre ».
Un congrès départemental depuis 1977
Autour de la table également, Christelle Bauché, agricultrice à Noyal-Pontivy et présidente de Nov’Agri, une des six associations locales de Rés’Agri Morbihan, et Sophie Beausire, animatrice Nov’Agri.
Ce réseau organise le cinquième congrès des femmes dans l’agriculture dans le Morbihan, intitulé le rendez-vous des agri-actrices, jeudi 22 novembre 2018 à Locminé.
Il se tenait toujours à Vannes, c’est la première fois qu’il est délocalisé depuis 1977 : il y en a un tous les dix ans. C’est une spécificité morbihannaise. (Sophie Beausire)
Une spécificité qui permet de jeter un œil sur la place des femmes en agriculture. Elles sont passées du statut (quand il y en avait un) de simples conjointes d’exploitants à « cheffes d’entreprises », souligne Christelle Bauché.
« Tous les dix ans, on ouvre les rétros pour savoir d’où on vient et pour définir les enjeux de demain », ajoute Sophie Beausire. Cette feuille de route, initiée par Rés’Agri, groupe agricole apolitique et asyndical, se décide collectivement.
Seules, ces femmes n’auraient pas pu faire avancer le schmilblick. Mais ensemble, elles ont la force du groupe.
Être agricultrice, un choix de carrière
Fabienne Gicquel, exploitante depuis 20 ans, souligne l’importance du travail de groupe, « grâce auquel on a obtenu un statut, une reconnaissance, des acquis sociaux (congés, versement du salaire durant les congés maternité, etc.). Tout au long de notre carrière, on se forme pour passer du statut de conjointe à celui de collaboratrice ou de cheffe d’exploitation »
Avant, on était agricultrice par amour, parce qu’on était en couple avec un agriculteur ; aujourd’hui, c’est un choix de carrière. (Fabienne Gicquel)
Et dans les écoles…
Un choix qui se fait pourtant sur le tard. « La proportion des jeunes filles qui font des études pour être exploitante agricole n’est pas grande. C’est plus tard qu’elles bifurquent en BTS, après avoir fait un bac général. »
Ce sont des jeunes filles qui ont la fibre agricole et qui ne sont pas forcément issues de ce monde. (Christelle Bauché)
Quant aux femmes travaillant déjà dans les exploitations, « elles attendent d’avoir 30 ans, 40 ans ou 50 ans pour s’installer comme cheffe d’entreprise ».
Mais le changement est bien en route. « Dans les écoles d’agriculture, on ne fait pas la distinction filles et garçons. Tous sont considérés comme des élèves ».
Les femmes auront le même résultat que les hommes, mais d’une autre manière. Elles sont aujourd’hui beaucoup plus respectées pour leur travail.
Elles sont donc un quart à être patronne ; pour les 3/4 restants, leur statut est celui de conjointe-collaboratrice. Ça avance doucement, mais sûrement. « Aujourd’hui, il existe des maris qui travaillent à l’extérieur… »
Le 5e congrès des agri-actrices. Le rendez-vous des agri-actrices du Morbihan se tient jeudi 22 novembre, à Locminé. Il est ouvert à toutes les femmes travaillant dans l’agriculture ou ayant travaillé dans ce domaine, et aussi aux hommes. La journée est divisée en table ronde, conférences et ateliers thématiques. À commencer par les témoignages d’anciennes agricultrices, illustrant les évolutions de la société. « Elles ont dû faire leur place, la prendre. Elles se sont formées et se sont donné un statut professionnel ». Programme : accueil à 9 h 30 à la salle de la Maillette à Locminé ; à 10 h 30, témoignages d’anciennes agricultrices ; à 11 h 30, table ronde animée par Valérie Dahm avec Katrine Le Cornu, ancienne présidente d’European Dairy Farmers, sur le rôle et les responsabilités des agri-actrices ; à 12 h 30, repas. À partir de 14 h, ateliers thématiques sur la communication vers le consommateur, la biodiversité et le changement climatique, le bien-être des agricultrices et des agriculteurs, la parité et l’engagement des femmes dans les instances ; à 16 h, perspectives et conclusion ; à 17 h, pot de l’amitié ; à 17 h 30, ateliers libres (bien-être, découverte des talents, échanges inter-régions). À partir de 19 h, repas et soirée dansante. Infos pratiques : Tarifs : 20 € la journée (déjeuner inclus) ; 20 € la soirée seule ; 35 € journée et soirée (déjeuner et dîner inclus). Inscriptions : resagri56@gmail.com ; 02 97 28 31 30. Site : resagri56.fr. Page Facebook : Agri. Actrices2018.