
Le foyer du soldat polonais de la rue Doré. (© ECPAD – Lycée Scarron)
On l’imagine aisément. La présence de plusieurs milliers de soldats polonais n’a pas été sans conséquence sur la vie quotidienne à Sillé-le-Guillaume (Sarthe). Car ils ont quelque peu donné des couleurs au cours paisible de l’existence des Silléennes et des Silléens.
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Ces soldats étaient bien entendu amenés à sortir du camp de la route de Sablé pour aller en ville où ils pouvaient fréquenter les deux foyers du soldat situés rue Dorée et rue de la Fontaine. Des lieux où régnait toujours une chaude ambiance. Ils dépensaient aussi leur pécule dans les cafés de Sillé. Ils n’y consommaient pas que de l’eau !
Vol de huit litres de liqueur
Nos amis polonais ont aussi quelquefois alimenté la chronique des faits divers. Ainsi, peut-on lire dans Les Alpes Mancelles que le 7 avril 1918, des soldats polonais profitant de l’absence de la tenancière d’un bistrot de la rue de Villaines, ont pillé les lieux et se sont emparés de huit litres de liqueurs et d’une douzaine de francs. Brisant un meuble par la même occasion !
Plus tôt le 23 décembre 1917, un jeune militaire polonais, agressé et coursé par deux autres soldats du camp, s’est réfugié dans la pharmacie de Joseph Montarou. Le propriétaire des lieux, heureusement en permission, a dû calmer les esprits avant d’appeler les gendarmes qui ont été contraints d’escorter la malheureuse victime jusqu’au camp.
Des mariages mixtes
Mais il y eut aussi quelques moments de bonheur dans cette période agitée. L’amour n’a pas de frontières c’est bien connu et on a enregistré pas moins de huit mariages mixtes entre des Polonais et des jeunes filles de Sillé bien sûr mais aussi de Saint-Rémy-de-Sillé et de Saint-Pierre-sur-Orthe (Mayenne). Par ailleurs, treize soldats polonais sont morts à Sillé entre 1918 et 1919. Ils ont tous été inhumés au cimetière de la ville dans un carré militaire que l’on peut encore visiter de nos jours.