
La Maison médicale de La Rivière-Saint-Sauveur cherche un nouveau médecin associé depuis le départ du Dr Galzin mi-septembre. (©Le Pays d’Auge)
Ma mère est à l’Ehpad d’Equemauville. Depuis le départ du Dr Galzin qui était son médecin traitant, sa caisse de maladie lui réclame de trouver un nouveau médecin traitant.
Peine perdue pour cette habitante de la région est confrontée au même problème que 1 300 autres patients, qui, depuis mi-septembre, se retrouvent sur le carreau, après le départ précipité de leur médecin traitant, le Dr Marc Galzin, installé depuis une dizaine d’années à la Maison médicale de La Rivière-Saint-Sauveur près de Honfleur (Calvados).
Il nous a annoncé en juin qu’il partait dans la région de Tours, pour des raisons familiales
explique le Dr Delamare, l’un de ses anciens associés au cabinet, qui, avec ses quatre autres collègues, cherche un nouveau médecin, en vain (lire en bas de page).
30 % au lieu de 70 % de l’acte remboursé
En attendant, les 1 300 patients (sans compter les enfants) qui avaient le Dr Galzin déclarés comme médecin traitant, se retrouvent orphelins. Ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de problématiques. La première concerne l’accessibilité aux soins. Les médecins des cabinets médicaux de la Rivière-Saint-Sauveur et de Honfleur, qui travaillent déjà en flux tendus, ne peuvent pas absorber toute la patientèle du Dr Galzin.
On traite les urgences en consultation libre, mais nous n’avons pas la possibilité de devenir leurs médecins traitants
explique le Dr Christian Delamare. Conséquence : les délais de rendez-vous se sont rallongés, pour ces nouveaux patients comme pour les « anciens ». Compter en moyenne une semaine de délai pour obtenir un rendez-vous, contre 48h auparavant.
Autre difficulté pour les ex-patients du Dr Galzin qui n’ont donc plus de médecin traitant : ils ne sont plus remboursés qu’à 30 % par la Sécurité sociale, au lieu de 70 %.
Et les mutuelles ne compensent pas, bien évidemment !.
Ce qui pose par ailleurs des soucis pour des consultations de spécialistes, même les radiologues par exemple, puisque sans prescription du médecin traitant, l’acte est lui aussi moins bien remboursé.
Surcharge de travail des médecins
La troisième problématique concerne la surcharge de travail des médecins restants :
Les patients de notre ancien confrère arrivent avec leur gros dossier sous le bras : c’est chronophage pour nous, et ça rallonge nos journées de travail
poursuit le Dr Delamare, qui compatit avec le mécontentement général de cette patientèle.
C’est douloureux pour eux, car le Dr Galzin était très très présent : il y a une souffrance de ces patients qui se sentent abandonnés, surtout ceux qui n’avaient pas été prévenus. C’est tout à fait compréhensible.
Face à cette nouvelle situation bancale, le téléphone des deux cabinets n’en finit pas de sonner. Tous les jours, ils reçoivent une dizaine d’appels de patients en recherche d’un nouveau médecin traitant, certains plus vitupérants que d’autres :
je remercie d’ailleurs les secrétaires qui font preuve de beaucoup patience face à ces débordements.
Quant au problème des visites à domicile, il reste entier. En témoigne la fille de cette patiente :
ma mère de 93 ans ne peut pas se déplacer, et aucun médecin généraliste ne veut monter la voir à l’Ehpad. Ces derniers-jours, elle a rencontré des gros soucis de santé, du coup c’est le médecin coordinateur des Ephad qui l’a auscultée. Ce n’est pas normal
s’insurge-t-elle. Le Dr Delamare précise :
on a tous un quota de visites à domicile à faire, mais on ne peut pas en prendre davantage. D’autant que les visites à domicile sont totalement sous-évaluées.
Il y a donc urgence à trouver un nouveau médecin à La Rivière-Saint-Sauveur, surtout en cette période préhivernale avec son lot de maladies intercurrentes et l’approche des congés de Noël de certains médecins qui ne risquent pas d’arranger la situation dans les salles d’attente des cabinets pour la fin d’année…
Wanted toubib !
Le cabinet médical de La Rivière-Saint-Sauveur cherche activement un nouvel associé depuis le mois de juin, et met en avant une certaine « souplesse » dans son fonctionnement : « on est très tolérant sur le mode d’exercice. Sur les cinq que nous sommes aujourd’hui par exemple, il y en a deux à temps plein, les autres sont là à mi-temps, deux jours par semaine, etc. » indique le Dr Delamare. Mais « nous n’avons pas le droit de faire de la publicité. Nous passons par des réseaux, par le bouche-à-oreille, des contacts à la faculté… Quelques personnes se sont présentées mais sont dans une démarche préalable. Ils ont tellement de demandes, ils peuvent choisirent leur lieu d’installation ». Contre toute attente des professionnels de santé locaux, le secteur de Honfleur pourrait donc être touché à terme lui aussi, par la pénurie de médecins généralistes. « Jusqu’alors, on pensait que Honfleur serait un peu épargné. En termes d’offres de soins, les gens étaient gâtés. Mais on se rend compte qu’il suffit d’un petit grain de sel pour rendre un secteur fragile. L’avenir est préoccupant… » conclut le Dr Delamare, par ailleurs vice-président du PSLA (Pôle santé libéral en ambulatoire) du canton de Honfleur.
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