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REPORTAGE. Gilets jaunes : au sud de Metz, trois semaines après, ils ne lâchent rien

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Les retraités sont particulièrement nombreux  alimenter le mouvement des Gilets jaunes, notamment sur la ZAC d'Augny (Moselle).

Les retraités sont particulièrement nombreux alimenter le mouvement des Gilets jaunes, notamment sur la ZAC d’Augny (Moselle). (©Antony Speciale/Lorraine Actu)

Trois longues semaines de protestation. Ce vendredi 7 décembre 2018, environ une vingtaine de Gilets jaunes se sont délocalisés à quelques mètres du rond-point de la ZAC d’Augny, au sud de Metz (Moselle), qu’ils occupaient. Il s’agit de l’un des endroits investis dans la zone commerciale par le collectif.

Sur ce point de rassemblement, toutes les catégories socioprofessionnelles se sont réunies : de l’ancien chef d’entreprise à l’employée à mi-temps, en passant par les retraités de tous secteurs… Tous réclament tour à tour une baisse de la fiscalité et des taxes, la suppression de la CSG pour les retraités, une hausse du Smic, des retraites, ou encore la démission pure et simple du gouvernement actuel.

Si l’exécutif a annoncé la suppression des taxes sur les carburants pour 2019, de nombreux Gilets jaunes y ont vu un moyen de les « endormir ». Ils sont encore nombreux à ne pas vouloir lâcher prise.

LIRE AUSSI : Gilets jaunes : pourquoi les manifestants sont toujours présents sur les ronds-points au sud de Metz

Une crainte de la violence

Les Gilets jaunes présents sur ce point de rassemblement à Augny sont le reflet de la colère actuelle du peuple français. Et pourtant, ils manifestent de manière pacifique, puisque les blocages ont été interrompus. L’un des mots d’ordre affiché sur les panneaux est « Un klaxon, un soutien ». En deux heures, les manifestants en ont reçu un très grand nombre.

En discutant avec les Gilets jaunes du sud de Metz, on s’aperçoit que les événements des dernières semaines à Paris et l’arrivée de l’acte 4 samedi 8 décembre reviennent très souvent, avec la crainte d’une montée de la violence. « Ça va partir en guerre civile », s’inquiète l’un d’eux.

LIRE AUSSI : Gilets jaunes : appel à une manifestation « géante » samedi sur la place Stanislas de Nancy

Le référendum d’initiative citoyenne, une « sortie de crise » ?

Les manifestants présents sur le point de rassemblement sont favorables à l’inscription à la constitution de quatre référendums d’initiative citoyenne : le législatif (qui permet aux citoyens de proposer eux-mêmes une loi), l’abrogatoire (qui leur permet d’en annuler une), le révocatoire (qui leur permet de destituer un responsable politique ou un membre du gouvernement) et le constituant (qui leur permet de modifier la constitution pour changer les règles du pouvoir).

Des manifestants assurent que confier le pouvoir au peuple serait « une sortie de crise » au niveau politique et social.

Une liste de revendication de Gilets jaunes.

Une liste de revendication de Gilets jaunes. (©Antony Speciale/Lorraine Actu)

Pour une meilleure reconnaissance du handicap

Christian a 43 ans. En 2003, il a été victime d’un accident du travail qui l’a laissé handicapé à 80% au niveau du dos. Toujours en contentieux avec son ancien employeur au tribunal, celui qui occupe désormais la fonction d’agent de sécurité isolé veut « une meilleure reconnaissance des handicapés ».

Sur une trentaine de boîtes que j’ai démarchées, il n’y en a que deux qui m’ont ouvert la porte. La plupart des entreprises préfèrent payer une amende plutôt que d’embaucher des handicapés. Ou quand elles le font, elles ne respectent pas leurs obligations de ne pas travailler de nuit, ou d’avoir des horaires aménagés…

Christian veut que les travailleurs handicapés puissent bénéficier des mêmes droits que les valides, et que l’État prenne des mesures auprès des entreprises pour mettre fin à la discrimination à l’embauche.

LIRE AUSSI : Gilets jaunes : Emmanuel Macron s’exprimera « en début de semaine prochaine »

Alléger les charges patronales…

Cet ancien patron de 62 ans se prénomme également Christian. Il était à la tête d’une entreprise de peinture-étanchéité-travaux spéciaux. Il s’est rallié à la cause des Gilets jaunes : « Je touche 1 750 euros par mois de retraite, mais avec la CSG, je perds 50 euros tous les mois, soit 600 euros par an. J’ai été chef d’entreprise et j’ai dû déposer le bilan à cause des charges patronales trop élevées, il faut les alléger. »

D’autres retraités présents sur le point de mobilisation évoquent leurs plus petites retraites et le problème commun qu’ont tous les bénéficiaires, à savoir une CSG trop élevée à leur sens.

…voire regarder ailleurs en Europe

Au niveau économique, Roland, 75 ans, retraité de l’Éducation nationale et du monde de l’art, imagine même que la France pourrait s’inspirer de nos voisins d’Europe du Nord, comme le Danemark ou la Suède :

Les pays scandinaves sont les moins corrompus au monde (le Danemark est 1er, la Suède 4e et la Norvège 5e, N.D.L.R.). Ces pays sont hors de la zone euro mais la population y est heureuse. La Norvège, hors de l’Europe, possède un excédent commercial considérable, pendant qu’en France, on a plus de mille milliards d’euros de dette.

Pour Roland, les rapports entre les Français et leur gouvernement rappelle l’époque où « Fénelon avait envoyé une lettre à Louis XIV en lui demandant d’écouter le peuple. Seulement, est-ce qu’Emmanuel Macron écoute le peuple ? S’il l’écoute, le comprend-il ? »

En attendant, samedi 8 décembre marquera l’acte 4 de la mobilisation des gilets jaunes. Le peuple sera-t-il compris par son président ? Cette journée pourra peut-être apporter des éléments de réponse.


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