
Yvon Le Jan alerte ses collègues sur la profonde crise du budget « Ordures ménagères ». (©Le Courrier indépendant)
Quand Yvon Le Jan, vice-président chargé des ordures ménagères à Loudéac communauté Bretagne Centre a une nouvelle fois pris la parole sur un ton alarmiste, mardi 4 décembre 2018, en conseil communautaire. Il y a tout lieu de craindre que ce soit à juste titre…
Si l’on résume la situation budgétaire de la collecte et du traitement des ordures ménagères sur le territoire, en trois mots, c‘est la cata.
Ce n’est pas compliqué : à part ce qui va bien (les tonnages de tri sélectif, les taux de valorisation des déchets et le nombre d‘accidents pour les personnes qui ramassent nos poubelles), tout va de travers !
Le coût par habitant ; les tonnages à traiter ; les réclamations ; les recours au tribunal ; les endroits où les camions bennes doivent faire marche arrière avec ce que cela comporte de danger ; les contrôles internes (faute d‘agents qualifiés en nombre suffisant) ; les arrêts de travail ; les dépôts sauvages…
A ce sombre tableau, ajoutez à cela le pompon : le nombre de redevances impayées.
1,4 million d’euros d’impayés !
« Il y a un turnover très important et on n’arrive pas à retrouver les locataires qui partent sans régler. Avec la protection des données, ça devient d’une lourdeur surdimensionnée », explique Yvon Le Jan à ses collègues.
D‘où cette première proposition faite aux élus communautaires :
facturer directement la redevance aux propriétaires privés ou aux bailleurs sociaux de façon à ce que ce soit eux qui imputent le recouvrement dans leur loyer.
En fait, le problème remonte à bien avant la loi sur la protection des données. Entre 2003 et le 10 octobre de cette année, le montant des redevances impayées s’élève à… 1,4 million d’euros.
C’est énorme !, s’alarment les auteurs de l‘audit commandé par LCBC sur sa gestion des ordures ménagères.
En montant cumulé, ces impayés s‘élevaient à 177 000 € en 2010 ; 575 000 € en 2014 ; puis 189 000 € en 2015 ; 253 000 € en 2016 et enfin… 389 000 € en 2017.
Cela prouve, deux choses, selon le rapport d’audit :
Un : les différentes collectivités en charge des déchets au préalable ont laissé filer les impayés.
Deux : les différents trésoriers n’ont pas fait leur travail.
Des trésoriers dont il était d‘ailleurs question d‘évaluer la rémunération par la collectivité, ce mardi 4 décembre. Il y a eu des commentaires. Feutrés, mais des commentaires tout de même… En même temps, comme le fait observer le maire du Quillio, Xavier Hamon, peut-on en vouloir à un personnel pressuré et dont les effectifs sont en constante diminution depuis des années ?
« L’heure est grave »
De toute façon, d‘une manière générale, le tonnage (663 kg) et le coût par habitant de la collecte des déchets (81 €) sont bien trop élevés par rapport à des collectivités comparables, dans le Maine-et-Loire, par exemple.
« C’est déjà une usine à gaz notre budget, se plaint Yvon Le Jan, sachant qu’on essaie de le contenir (NDLR, il est déficitaire de plus d’un million d’euros) ; On est rentré dans une démarche d’optimisation, mais là, ça ne cesse d’augmenter, d’exploser ! Que ce soit le coût des traitements, de la valorisation… Là, on nous annonce une augmentation de près de 300 000 € sur le prochain budget à travers les transformations des OM et du tri ! »

Les apports de déchets verts sont très importants dans les déchéteries de LCBC. Et le coût de leur traitement va passer de 30 € à 38 € la tonne… (©Le Courrier indépendant)
L’heure est grave, je vous prie de le croire ! Il faut absolument qu’on la contienne, la redevance et ça implique de tout transformer ! 12 800 tonnes de déchets verts arrivent sur nos déchetteries avec un coût de traitement de 30 € par tonne. 30 € ; vous imaginez ? Vous faites le compte ? Demain, ce sera 38 € ! Ça ne cesse d’augmenter parce que les exutoires, aujourd’hui, avec les normes environnementales, deviennent de plus en plus complexes.
Faire appel à un opérateur privé ?
Une note d‘espoir tout de même avant que LCBC ne ruine ses habitants sous le poids de cette redevance : « Nous avons la chance d’avoir des outils sur notre territoire et c’est là que j’y crois beaucoup ! Il faut essayer de contenir ce qu’on collecte sur le territoire, c’est là tout l’enjeu ». Penser local, c‘est souvent un bon pari.
Cela reste néanmoins sibyllin. Le vice-président ne semble pas favorable, comme le préconise l’audit, à un passage à la délégation de service public pour la collecte des déchets. Ce qui sous-entend compression de personnel ; réduction des coûts tous azimuts… Pour un gain final sur le coût de la collecte de 8 € par habitant.
En tout cas, il n’y a « aucun risque à passer un appel d’offres » afin de voir si une solution privée peut répondre de manière satisfaisante à l’urgence de réduire les coûts pour la collectivité.
Yvon Le Jan semble préférer, pour sa part, l’autre option, qui est de celle d’une « régie » rendue « pérenne » par une optimisation complète. Ce qui ne se fera pas non plus sans douleur…
Yvon Le Jan donne rendez-vous aux élus le 17 janvier « pour qu’on mette tout sur la table et qu’on prenne une décision en conseil communautaire en mars ».