
Une photo d’Emiliano Sala brandie lors d’un rassemblement en sa mémoire, le 22 janvier 2019 à Nantes. (©AFP/LOIC VENANCE)
« Qu’est-ce que j’ai peur ! » : le footballeur argentin Emiliano Sala avait envoyé un message vocal à des proches dans lequel il s’inquiétait de l’état de l’avion, toujours introuvable mercredi matin après sa disparition lundi soir au-dessus de la Manche.
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« On dirait qu’il va tomber en morceaux »
Les paroles de l’attaquant de 28 ans, transmises via la messagerie WhatsApp et révélées mardi soir par le quotidien sportif argentin Olé, apparaissent rétrospectivement glaçantes, mais sont prononcées sur un ton assez calme, et ponctuées de bâillements.
« Je suis dans l’avion, on dirait qu’il va tomber en morceaux, et je pars pour Cardiff », dit Sala. « Si dans une heure et demie vous n’avez plus de nouvelles de moi, je ne sais pas si on va envoyer des gens pour me rechercher, parce qu’on ne va pas me trouver, sachez-le. Papa, qu’est-ce que j’ai peur ! », ajoute-t-il, sur un fond sonore évoquant celui d’un aéronef.
[Opération] de #recherches suite à la disparition d’un #avion de tourisme à #Guernesey, engagement de l’🚁 Caïman de la @MarineNationale pour participer aux recherches en coordination avec #guernesey coast guard pic.twitter.com/UfX18CTGj0
— PREMAR Manche (@premarmanche) January 22, 2019
Disparu des radars lundi soir
Le légendaire Diego Maradona, lui, a tenté de conjuger cette « malchance terrible » en disant espérer, sur un ton désabusé, que l’avion de tourisme se soit « trompé d’aéroport et qu’on le retrouvera vivant », dans un message audio relayé par le journaliste Martin Arevalo sur Instagram.
Une fausse piste puisque les autorités britanniques avaient assuré avoir « appelé tous les terrains d’aviation du sud de l’Angleterre pour savoir si (l’avion) y avait atterri ».

L’attaquant argentin Emiliano Sala, sous le maillot nantais, face à Montpellier le 9 janvier 2018 à La Beaujoire. (©AFP/Archives/LOIC VENANCE)
Le monomoteur Piper PA-46 Malibu emprunté par le joueur, effectuant le trajet Nantes-Cardiff, a disparu des radars lundi soir vers 20h20 GMT, à une vingtaine de km au nord de l’île anglo-normande de Guernesey.
Le contrôle aérien de l’île voisine de Jersey avait précisé lundi soir que l’avion et ses deux occupants, qui volaient dans un premier temps à 5000 pieds, avaient demandé à descendre et évoluaient à 2300 pieds avant d’échapper aux radars.
Les recherches, entamées lundi soir, ont duré « quinze heures » et couvert près de 3000 kilomètres carrés, selon la police.
17.00 update
Search and rescue operations have been suspended as the sun has now set.
The current plan is for it to resume at sunrise tomorrow.
There will be no further updates tonight.
— Guernsey Police (@GuernseyPolice) January 22, 2019
Elles ont dû être interrompues mardi au coucher du soleil, reportant de plusieurs précieuses heures les chances de détecter tout signe de vie. Sous la direction des garde-côtes de Guernesey, avec des moyens britanniques et français, ces recherches devaient reprendre mercredi dès l’aube pour tenter de localiser d’éventuels débris.

Localisation de la disparition au dessus de la Manche d’un avion transportant le footballeur Emiliano Sala. (©AFP/)
« Penser au pire »
S’il est tombé, « l’avion se serait brisé, auquel cas il n’y a pas d’espoir », indiquait mardi soir à l’AFP John Fitzgerald, directeur général de l’agence de secours maritimes Channel Islands Airsearch. De plus, « la température de l’eau est si froide en ce moment que s’ils (les passagers, ndlr) se trouvaient dans l’eau, le froid les aurait maintenant gravement affectés ».
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« Les heures passent et je ne sais rien, cela me fait penser au pire » : le désespoir du père du joueur, Horacio, en larmes au moment de s’adresser à la presse depuis l’Argentine mardi soir, en disait long sur les chances de survie de son fils.

L’attaquant argentin Emiliano Sala, sous le maillot nantais, face à Montpellier le 9 janvier 2018 à La Beaujoire. (©AFP/Archives/LOIC VENANCE)
A Nantes, club que Sala venait de quitter pour s’engager avec Cardiff (formation galloise évoluant en première division anglaise), l’annonce de la disparition de l’avion a rassemblé des centaines de personnes venues déposer mardi soir des fleurs en hommage à leur meilleur buteur, auteur de 12 buts en championnat en une demi-saison.
A Cardiff, l’émotion était également immense trois jours après la signature du joueur, pour un montant estimé par la presse à 17 millions d’euros. Le directeur du club, Ken Cho, s’est dit « choqué ». Un supporter, Josh Thomas, s’est lui lamenté en marge d’un autre rassemblement de fans : « Il était non seulement notre transfert record mais aussi celui qui allait retourner la situation et marquer les buts nous permettant de nous maintenir » en Premier League.

Une écharpe de Cardiff et des jonquilles déposées devant le stade du club, qu’Emiliano Sala devait rejoindre, le 22 janvier 2019. (©AFP/GEOFF CADDICK)
Prières
Le 16e de finale de Coupe de France des Nantais contre l’Entente SSG (3e division), prévu mercredi, a été reporté à dimanche, et le foot français a communié mardi, avec de nombreux messages de soutien de la part de clubs et d’acteurs du jeu.
Et provenant de ceux qui avaient côtoyé « Emi ». « Je prie pour Emiliano et sa famille », a réagi son ancien entraîneur à Nantes, Claudio Ranieri.

Des supporters du FC Nantes rassemblés en hommage à Emiliano Sala, le 22 janvier 2019 à Nantes. (©AFP/LOIC VENANCE)
Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien affluaient, et une polémique, avec la photo tweetée mardi par la star Cristiano Ronaldo : on le voit se faire un selfie, tout sourire, à bord d’un avion. « Pas le bon jour pour ce tweet. Vraiment pas », a notamment réagi l’ancien joueur anglais Gary Lineker.
Arrivé jeune en France et formé à Bordeaux, puis prêté à différents clubs (Orléans, Niort, Caen), Sala avait avait fini par signer à Nantes en 2015 pour un million d’euros, où il était parvenu à faire oublier ses allures un peu gauches et sa technique rudimentaire grâce à un réalisme précieux.

Des membres du FC Nantes interrogés par des journalistes sur la disparition d’Emiliano Sala, devant le centre d’entraînement de la Jonelière près de Nantes, le 22 janvier 2019. (©AFP/LOIC VENANCE)
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Après avoir vu s’évanouir la possibilité d’un transfert en Turquie à Galatasaray cet été, il avait finalement obtenu un bon de sortie au mercato d’hiver, au grand dam de l’entraîneur Vahid Halilhodzic, avec lequel il avait tissé une relation forte.
Lundi, il était revenu à Nantes prendre ses dernières affaires avant de rejoindre Cardiff définitivement. Il avait publié une photo de lui entouré de ses ex-coéquipiers, souriant comme toujours.
Source : © 2019 AFP