
Juan Guaido, chef de file de l’opposition et président autoproclamé du Venezuela, répond à des journalistes lors d’une manifestation contre le gouvernement de Nicolas Maduro,le 30 janvier 2019 à Caracas. (©AFP/Luis ROBAYO)
L’opposant Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président du Venezuela, présente jeudi 31 janvier 2019 son plan pour sortir le pays pétrolier de son naufrage économique et social, et s’affirmer face à Nicolas Maduro soumis à la pression des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Hoy toda Venezuela se manifiesta. Nuevamente, nos reencontramos con ese deseo de libertad, con esas ansias de construir el país que soñamos.
¡Sueñen Grande!
¡Sueñen Bonito! #VamosBien ¡muy bien! pic.twitter.com/nYRS9dVlRL— Juan Guaidó (@jguaido) January 31, 2019
¡Mañana presentaremos el #PlanPaís para Venezuela!
Trabajaremos para estabilizar la economía, atender la emergencia humanitaria de inmediato, rescatar los servicios públicos y superar la pobreza. Sabemos cómo lograrlo y hay talento venezolano para hacerlo posible. pic.twitter.com/RwXHqsp9AM
— Juan Guaidó (@jguaido) January 30, 2019
« Nous allons travailler pour stabiliser l’économie, répondre immédiatement à l’urgence humanitaire, rétablir les services publics et surmonter la pauvreté », a lancé sur Twitter le député social-démocrate de 35 ans, chef du Parlement.
« Nous savons comment y arriver », a-t-il ajouté, après des manifestations qui ont réuni mercredi des milliers de ses partisans pour convaincre l’armée de se joindre à eux.
Vidéo. Crise au Venezuela : l’armée au cœur de la lutte pour le pouvoir :
« Les conditions sont favorables à Guaido »
Déterminé à occuper lui aussi le terrain, le président Maduro a convoqué la presse dans la matinée, sans plus de précisions.
Le pays pétrolier, autrefois le plus riche d’Amérique latine, a sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries d’aliments et de médicaments, ainsi que d’une inflation galopante (10 000 000% en 2019 selon le FMI), ce qui a fait chuter la popularité du dirigeant socialiste.
« Les conditions sont favorables à Guaido, avec un soutien international décisif mené par les Etats-Unis », que Nicolas Maduro accuse d’orchestrer un coup d’Etat, explique à l’AFP l’analyste Carlos Romero.
Et l’aggravation de la crise économique joue aussi.
Encore inconnu du grand public il y a un mois, Juan Guaido s’est autoproclamé président par intérim la semaine dernière, invoquant une vacance du pouvoir car l’opposition juge le second mandat du chef de l’Etat, entamé le 10 janvier, illégitime car issu d’élections frauduleuses.
Vidéo. Nicolas Maduro « prêt » à des pourparlers avec l’opposition :
« Marionnette des « gringos » »
Juan Guaido recevra jeudi un nouvel encouragement avec sa reconnaissance attendue comme président par le Parlement européen, tandis que les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne tiendront une réunion informelle à ce sujet à Bucarest.
« Maduro opprime les Vénézuéliens. L’Union européenne doit être du côté du peuple vénézuélien », a tweeté le président de la Commission, Antonio Tajani.

Manifestation à l’appel de l’opposition contre le gouvernement du président Maduro, le 30 janvier 2019 à Caracas, au Venezuela. (©AFP/Yuri CORTEZ)
Six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal) ont donné au président Maduro jusqu’à dimanche pour convoquer des élections, sinon ils reconnaîtront son adversaire.
Mais jusqu’à présent il semble balayer ces menaces d’un revers de la main.
La réunion de Bucarest servira donc à « vérifier les suites à donner à la non-réponse du président Maduro », a indiqué le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Parallèlement, la pression des Etats-Unis se fait chaque jour plus insistante, via des sanctions financières pour asphyxier le gouvernement et des mises en garde répétées.
« Le combat pour la liberté a commencé ! », a tweeté Donald Trump à l’issue de la journée de manifestations de mercredi, après avoir dans la matinée appelé Juan Guaido pour l’encourager.
Spoke today with Venezuelan Interim President Juan Guaido to congratulate him on his historic assumption of the presidency and reinforced strong United States support for Venezuela’s fight to regain its democracy….
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 30, 2019
….Large protests all across Venezuela today against Maduro. The fight for freedom has begun!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 30, 2019
De quoi prêter le flanc aux accusations de Nicolas Maduro, qui a lancé lors d’un meeting face à des jeunes Vénézuéliens :
Vous voulez que gouverne une marionnette des « gringos » au Venezuela ?

Le président vénézuélien fait le « V » de la victoire en compagnie de militaires, le 30 janvier 2019 à Caracas. (©Venezuelan Presidency/AFP/Marcelo GARCIA)
Nicolas Maduro refuse de céder
Il a aussi appelé l’armée à l’unité, le pilier qui le maintient au pouvoir depuis 2013, en leur répétant ce mot d’ordre: « Loyaux toujours, traîtres jamais! »
Car en face, les Etats-Unis et Juan Guaido multiplient les appels à la rébellion, ce dernier leur promettant même l’amnistie.
L’opposition exige la mise en place d’un gouvernement de transition puis des élections libres, soutenu en ce sens par les Etats-Unis ainsi qu’une grande partie de l’Amérique latine et de l’Europe.
Mais le président Maduro s’y refuse, alléguant que son mandat se termine en 2025.
Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays pétrolier de 32 millions d’habitants, un des plus violents au monde. Le pape François a dit redouter « un bain de sang ».
Surtout que samedi, ce sont les deux camps qui ont chacun prévu de manifester, ce qui risque de créer des affrontements.
« Nous allons nous échauffer dans la défense de la patrie, pour nous préparer à de nouvelles batailles et de nouvelles victoires », a clamé le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.
Depuis le début des mobilisations le 21 janvier, une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées, selon l’ONU.

Venezuela : bilan des manifestations. (©AFP/María SCARPINELLI)
Des journalistes de Quotidien arrêtés
Dans cette ambiance tendue, deux journalistes français ont été arrêtés mardi, de même qu’un photographe colombien, tandis que deux reporters chiliens ont été expulsés mercredi soir après 14 heures de détention.
Deux journalistes de notre équipe ont été arrêtés hier au Vénézuela. Ils étaient sur place pour couvrir la crise politique. À l'heure actuelle, il est difficile d'en dire plus au risque d'aggraver leur situation. On pense à eux.#Quotidien
— Quotidien (@Qofficiel) January 30, 2019
Source : © 2019 AFP