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Justice : huit ans de prison pour un coup de couteau mortel à son frère près de Quimperlé

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Mardi 21 ai 2019, la Cour d'assises du Finistère a condamné un homme à XX années de prison pour le meurtre de son frère. Photo d'illustration.

Mardi 21 ai 2019, la Cour d’assises du Finistère a condamné un homme à XX années de prison pour le meurtre de son frère. Photo d’illustration. (©Côté Quimper)

Mardi 21 mai 2019, à Quimper, au bout de deux jours de procès, la Cour d’assises du Finistère a condamné un homme à huit ans de prison pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Le 21 juillet 2017, dans la ferme familiale de Tréméven près de Quimperlé, l’accusé avait porté un coup de couteau mortel à son petit frère. Il encourait jusqu’à 30 ans de réclusion. Dans son réquisitoire, l’avocat général en avait requis 15. 

Lire aussi : Quimper : jugé pour avoir tué son frère d’un coup de couteau

La cour ne l’a pas suivi et a estimé que l’accusé souffrait d’un trouble psychique pouvant altérer son jugement et ses facultés. Porteur d’un handicap mental, cet homme de 46 ans est placé sous curatelle renforcée depuis avril 2015.

« Est-ce que vous comprenez nos questions ? »

Durant ces deux jours d’audience, il n’a su expliquer son geste. Sa fragilité est apparue à plusieurs reprises. Notamment ce mardi lorsque la présidente de la cour, Claire Fouquet-Lapar l’interroge. « Que vouliez-vous faire à votre frère avec le couteau ? » L’accusé hésite, bredouille :

Lui faire peur en visant les côtes mais sans lui faire mal.

Elle insiste à plusieurs reprises : « Mais pourquoi ce jour-là ? » Dans ce foyer isolé, où vivaient la maman de l’accusé en fin de vie et son frère, handicapé mental, l’ambiance est tendue. Les disputes pour la répartition des tâches ménagères et des frais pour faire les courses sont quotidiennes. Le conflit entre les deux hommes est permanent. Alors, pourquoi ce jour-là ?

L’accusé reparle alors de ses problèmes d’alcool. Son avocat, Me Vincent Omez, l’interroge à son tour mais n’obtient pas davantage de réponse.

Monsieur, vous répondez oui et non à la même question, à seulement quelques minutes d’intervalle. Je crois que vous cherchez à faire plaisir à votre interlocuteur en lui disant ce qu’il veut entendre. Mais c’est compliqué pour nous. Nous devons comprendre ce qu’il s’est passé. D’ailleurs, est-ce que vous comprenez nos questions ?

Le couteau était enfoncé de 13 cm

Dans son réquisitoire, l’avocat général Dominique Tailhardat est direct. Il rappelle que la lame du couteau était enfoncée de 13 cm dans la gorge de la victime comme a pu le dire le médecin légiste, un peu plus tôt dans la journée. Il s’interroge :

L’accusé dit qu’il ne voulait pas faire de mal alors pourquoi choisir un couteau qui sert à découper la viande ? Pourquoi une telle violence ? La blessure montre que la lame a traversé la peau, les muscles jusqu’au larynx. Et il a frappé dans une partie vitale du corps.

L’état alcoolique de l’accusé au moment des faits ? Il avait près de 2 grammes au moment des faits après avoir bu trois bouteilles de vin rosé. Le représentant du ministère public balaie l’argument : « Il ne faut pas rechercher une excuse dans l’alcool. Pour cet homme, ce jour-là, il n’avait rien d’exceptionnel. On nous a dit qu’il pouvait boire jusqu’à deux ou trois litres de rose par jour voire plus quand son frère l’énervait. »

Pour Dominique Tailhardat, enfin, l’accusé « comprend certes lentement mais il comprend ce qu’il fait. Il n’y a pas d’altération de ses facultés mentales. »

Il vivait un « enfer »

Son avocat, Me Vincent Omez, dénonce une « caricature » de son client.

Il répond comme il peut. Il ne répond pas par calcul ou par stratégie.

Ses quelques mots, prononcés sur un ton monocorde depuis le box des accusés, donne l’impression d’un homme un peu perdu. « Il y a trop d’incertitudes dans ce qu’il dit pour retenir l’intention », plaide l’avocat devant les jurés. Il souligne aussi qu’il y avait d’autres armes dans la maison pour tuer. En l’occurrence, une hachette et un fusil.

L’avocat revient aussi sur la réaction de l’accusé après le coup de couteau donné à son frère. C’est lui qui a prévenu les pompiers après avoir téléphoné à une amie de la famille. « Quand les secours arrivent, il est abattu, hébété, hagard. »

Sa plaidoirie s’achève sur le contexte dans lequel l’accusé, l’aîné d’une fratrie de cinq enfants, vivait depuis plusieurs années. Sur son environnement familial : la perte d’un frère en 1998, un père décédé en 2004 d’une forme de myopathie. L’un de ses frères, handicapé mental, en était aussi atteint. Il est mort en 2018.

Une mère souffrant d’un cancer généralisé qui vivait dans la maison et dont il fallait s’occuper jour et nuit. Et enfin, l’un de ses frères, lui aussi déficient mental, qui ne participait pas à aucune tâche ménagère.

Voilà l’enfer dans lequel il était plongé. Et on sait aujourd’hui que les aidants s’épuisent, s’exténuent et meurent parfois avant les personnes dont ils ont la charge. Cet homme était dans cette configuration.

L’audience s’est achevée comme elle avait commencé. Sur les mêmes mots de l’accusé : « Je regrette le geste que j’ai fait. »


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