
Once upon a time… in Hollywood est le nouveau film de Quentin Tarantino. (©Sony Pictures)
Ça y est. Les festivaliers cannois les plus téméraires ont enfin pu découvrir le nouveau film de Quentin Tarantino, Once upon a time… in Hollywood. Pour beaucoup, il aura fallu des heures et des heures de files d’attente, parfois pour rien, des déceptions, et des salles d’autant plus électriques lorsque s’affiche enfin en générique de début le nom du tant espéré du réalisateur.
Ne divulgâchons pas
C’est que 25 ans tout pile après la présentation (et la Palme) de Pulp Fiction sur la Croisette, le sale gosse du cinéma américain n’a jamais perdu de sa superbe, et chacun de ses nouveaux films, aussi inégaux soient-ils, sont toujours autant d’événements. Autour de son dernier né, terminé in extremis pour être présenté à Cannes, planait un beau mystère, dont Tarantino souhaite qu’il reste entretenu, pour ne pas gâcher quelque plaisir cinéphile que ce soit.
Quentin Tarantino demande de ne pas spoiler son film #OnceUponATimeInHollywood !! #Cannes2019 pic.twitter.com/BLOIUd5ke5
— ACT BREAK (@Act_Break) May 20, 2019
Ce que l’on peut en dire, c’est que Once upon a time… in Hollywood nous conte l’histoire d’une mutation qui s’est opérée dans l’univers de la télé et du cinéma à la fin des années 60. À l’époque, les westerns spaghettis ont encore la cote, et les séries créent des icônes du petit écran, qui tuent des indiens et des nazis au lance-flamme. DiCaprio campe un de ces acteurs populaires, et Brad Pitt sa doublure. Mais en fin de décennie, le mouvement hippie débarque, l’Amérique qui subit de nombreux changements sociétaux : DiCaprio n’a plus sa cote d’antan et va devoir faire des changements dans sa carrière.
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Ce que raconte Tarantino, c’est cette époque de mutation où lui a commencé à regarder des films (il est né en 1963), et à tomber en amour devant ces westerns imparfaits tournant vieillots, mais traversés de temps à autres par de grands moments du 7ème art, habités par de sacrés gueules, jouant plus ou moins juste : c’est son amour du cinéma cheap, qu’il nous montre.
Il y a notamment dans le film une scène d’une belle intensité où une petite gamine jouant une otage d’un personnage campé par DiCaprio susurre à celui-ci après que la caméra est coupée que ce qu’il vient de faire, c’est le plus beau numéro d’acteur qu’il lui ait été donné de voir. Comme si Tarantino gamin s’adressant à ses idoles d’avant, et c’est d’une beauté folle.
Des airs de Pulp Fiction
Once upon a time… in Hollywood est une synthèse, un film-somme de tout ce qui fait le cinéma de Tarantino (gros plans sur des pieds compris). Mais c’est sûrement, dans sa narration décousue, de Pulp Fiction que l’on peut le plus le rapprocher. Les récits s’y croisent, le film s’avérant de fait aussi foutraque que drôlatique.
Si le film souffre de quelques trous d’air dans sa deuxième heure, ceux-ci sont certainement dus à un montage effectué dans l’urgence pour être prêt pour le Tapis Rouge. Il y a fort à parier que la version montrée à Cannes soit légèrement différente de celle qui sortira dans les salles en août 2019.
Et les festivaliers cannois, ces privilégiés, d’être probablement les premiers et les derniers à avoir découvert cette version d’un film qui se hisse illico dans les trois plus beau de son auteur, devenant également certainement son plus personnel, son plus apaisé.