
Voici la façade du bâtiment des Archives départementales, situé boulevard Griffoul-Dorval. (©Mathieu Arnal)
Au 11, boulevard Griffoul-Dorval, le long du canal du Midi. À deux pas du port Saint-Sauveur et du quartier des Demoiselles, c’est là, dans cet imposant bâtiment de béton de huit étages érigé sous la houlette des architectes Fabien Castaing et Pierre Vatgé, que repose en partie, depuis le mitan des années 1950, la mémoire haut-garonnaise.
Longtemps abritées dans la Préfecture
Une autre antenne, sise à Saint-Gaudens (Haute-Garonne), au sud du département, y est ouverte depuis 1989. Auparavant, les Archives départementales – créées pendant la Révolution française, en vertu de la loi du 26 octobre 1796 (5 brumaire an V selon le calendrier révolutionnaire de l’époque) et destinées à conserver aussi bien les archives de l’Ancien Régime que celles de la Ire République – avaient longtemps été abritées dans l’enceinte de la Préfecture avant de devoir déménager à partir de 1942, rue des 36 Ponts, dans le quartier Saint-Michel.
40 kilomètres linéaires de documents
L’ensemble des documents – des institutions depuis le Moyen-Âge, des services du Département et de l’État, des communes, des notaires, des archives privées personnelles – représente 40 kilomètres linéaires dont 25 rien que dans le bâtiment principal. Chaque année, 1,5 à 1,7 kilomètre est récupéré mais 25 sont éliminés dans les différents services publics qui relèvent du contrôle de l’établissement – CHU, Sécurité sociale, Chambre régionale des comptes, tribunaux, rectorat…- ainsi que dans les 589 communes du département.
Ordre de Malte
Parmi les pépites, l’équipe, qui accueille souvent des classes de collège lors de séquences pédagogiques, peut s’enorgueillir de conserver le fonds des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, devenu Ordre de Malte. Parmi les archives, l’original unique d’une reconnaissance féodale datée de 1494 entre le commandant de l’Ordre et un seigneur de Pézenas. Autres documents particulièrement conservés : celui des actes notariés.
L’assassinat d’Henri IV
Parmi les plus célèbres, notons celui de Maître Pendariès, notaire de Villemur, qui relate non sans émotion dans son registre des années 1610-1614, l’assassinat d’Henri IV. On trouve également les premiers cadastres accompagnés de plans cartographiques et légendés. Celui de 1760 permet une visualisation saisissante de Castanet-Tolosan.
150 ans plus tard, on se replonge au début de la Première Guerre mondiale grâce aux registres de délibération du conseil municipal – de l’annonce de la mobilisation générale d’août 1914 à l’idée d’ériger, dès mai 1915, un monument aux morts en l’honneur des enfants de la commune morts au front – bien avant les arrêtés préfectoraux des années 1920.
Sacs à procès
L’autre attraction in situ concerne la justice avec les sacs à procès. Sous l’Ancien Régime, avocats et magistrats rangent les pièces relatives au procès dans ces sacs de chanvre qu’ils transmettent en seconde instance aux parlements.
Mathieu Arnal