
L’homme a été condamné pour violences conjugales. (©Illustration – DR)
Un an de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve, c’est la peine prononcée par le tribunal d’Argentan, mardi 15 janvier à l’encontre d’un homme qui frappait régulièrement sa femme pendant de nombreuses années.
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Violences conjugales
Le 12 septembre 2018, Annie P. (identité d’emprunt) se présente au commissariat de Flers. Elle désire déposer plainte pour des violences dont elle est habituellement victime de la part de son compagnon, un homme de 44 ans aujourd’hui domicilié à Champsecret.
Cela fait de nombreuses années qu’il l’insulte et la frappe.
Plusieurs personnes sont entendues et confirment le comportement brutal de cet homme, dont certaines avouent en avoir peur. Ils ont souvent vu leur amie porter des cols roulés pour cacher les coups, avoir les yeux au beurre noir et des cocards. Sur l’exemple de leur père, les enfants commencent eux aussi à mal parler à leur mère.
Des violences verbales puis des coups
Le 14 juillet 2018, les gendarmes interviennent au domicile de cette femme. Ils trouvent une femme amaigrie présentant de nombreuses traces de coups. Son compagnon l’aurait menacée de la tuer mais elle aurait réussi à envoyer un SMS à une amie signalant qu’elle était en danger. Interpellé, il présente un taux d’alcool de 1,20 gr/litre de sang.
C’est dans une voix à peine audible que le prévenu s’exprime aujourd’hui à la barre du tribunal. « Je reconnais les faits. J’ai pris conscience de mes actes en prison. Depuis sa dépression en 2012, j’ai complètement perdu les pédales et sous l’effet de l’alcool je suis devenu violent. D’abord des violences verbales, puis rapidement je lui ai donné des coups. Je buvais beaucoup et j’ai pris conscience lorsque j’ai été interpellé. »
« Jusqu’où serez-vous allé autrement ? » interroge la présidente. « Je ne sais pas, je pense jusqu’au bout. » « Je pense que l’alcool a bon dos », reprend la présidente. « Où en êtes-vous aujourd’hui ? Vous espérez renouer une nouvelle relation avec votre femme ? » « C’est elle qui décidera, je respecterai sa décision. »
Harcèlement
Placé dans un premier temps sous contrôle judiciaire et malgré les interdictions prononcées par le tribunal, il continuera de la harceler tant au téléphone qu’en passant devant chez elle et même sonner à la porte de son domicile à Saint-Georges-des-Groseillers. Il ira même jusqu’à lui envoyer des photos où il se met en scène simulant une pendaison. Elle déposera plainte au commissariat de police de Flers. Il sera à nouveau interpellé et placé cette fois-ci en détention provisoire. « Quelle était votre intention à ce moment-là ? » « Je voulais renouer avec elle. »
Pour le ministère public, « ce dossier reflète ce que notre société ne peut plus accepter. Ces coups qui se font devant les enfants, particulièrement choqués par ces scènes d’ultra-violence ». Il se déclare choqué par le fait que la victime ait été obligée de déposer plainte pendant ses heures de travail, par crainte que son compagnon ne l’apprenne. « Il reconnaît aujourd’hui les faits mais a beaucoup de mal à se remettre en cause, j’en veux pour preuve son comportement inadmissible lors de son contrôle judiciaire. »
Douze mois de prison
Le ministère public demande donc au tribunal de se montrer extrêmement ferme et vigilant et requiert dix mois d’emprisonnement dont cinq avec sursis et mise à l’épreuve avec obligation de soin. Pour l’avocat de la défense, « il s’agit d’un dossier difficile et on imagine mal toute la souffrance que cette femme a dû endurer ». La demande de prescription n’est qu’une précision procédurale, tout le monde sait ce qu’il s’est passé même dans les faits les plus anciens.
Mon client reconnaît les faits et cette relation toxique qu’il a instaurée, se servant de son ex-compagne comme d’un punching-ball et son besoin d’elle, elle est son repère. » Il évoque toutes les démarches entreprises par son client pour se sortir de son addiction et de cette violence et demande au tribunal d’en tenir compte.
Après en avoir délibéré, le tribunal retient la prescription pour les faits antérieurs à mars 2014 et condamne le prévenu à douze mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligations de soins, de travail et d’indemnisation de la victime en lui versant la somme de 2 500 €. Il lui est également interdit d’entrer en contact avec la victime de toute manière que ce soit.