
Des mesures acoustiques ont été effectuées aux abords du site de Limay (Yvelines). (© Renaud Vilafranca
Les résultats des mesures acoustiques effectuées aux abords de l’usine de béton Stradal sont tombés. Et l’industriel dépasse les normes de deux petits décibels, selon l’inspection menée ce 28 février par la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee).
Riverains « à bout »
On est bien loin du ressenti des riverains du boulevard Pasteur, « à bout ». Bruit, vibrations, va-et-vient des camions… Ils sont particulièrement remontés depuis que l’usine fonctionne 24h/24, contrainte de tenir les délais pour produire les pièces du tunnel de la ligne 15 du Grand-Paris-Express.
Ils ont donc alerté la préfecture. Ce jeudi, les services de l’État ont dépêché sur place une équipe de la Driee. Quatre points de mesure sonore ont été disposés aux abords du bâtiment industriel. Ces contrôles font état d’une moyenne à 64 db en journée, pour 70 db autorisés ; 62 db la nuit, au lieu de 60 db. Et ils ne relèvent pas d’anomalie au niveau de « l’émergence ». C’est-à-dire que le bruit causé par l’usine ne contraste pas spécialement avec l’ambiance sonore du quartier.
Ce dépassement de deux décibels, la nuit, n’apparaît que sur un point de mesure, situé à proximité immédiate d’un camp de caravanes qui pourrait également influer sur les résultats. Au sujet des vibrations, la Driee attend que Stradal lui transmette les conclusions d’une étude menée récemment avant de statuer.
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« Il y a non-conformité. Nous allons prendre attache avec Stradal et lui laisser quinze jours pour rentrer dans les normes. Au-delà de ce délai, si rien n’est fait, nous adresserons une mise en demeure à l’entreprise. Elle aura un mois pour se mettre en conformité », indique Henri Kaltembacher, responsable de la Driee 78.
D’autres mesures acoustiques avaient été effectuées, à la demande de la Driee, le 21 décembre dernier. Elles mettaient déjà en lumière des nuisances sonores. L’industriel avait alors fait bâtir un mur anti-bruit et effectuer des aménagements pour insonoriser ses machines. Contacté, il s’est refusé à tout commentaire.
La justice a rejeté le référé de l’entreprise
Face à la grogne des riverains, le maire, Éric Roulot (PCF), a pris un arrêté municipal, le 21 février, pour interdire à Stradal de fonctionner de « 19 h 30 à 8 h 30 et les samedi, dimanche et jours fériés ». Arrêté non respecté et contesté en justice par l’entreprise. Le tribunal administratif de Versailles a rejeté l’examen en urgence de la requête, ce vendredi, et statuera sur le fond plus tard.
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« Il y a les résultats des mesures et le ressenti des riverains, réagit Éric Roulot, qui ne change pas sa position. Ce type d’activité n’a pas sa place en zone pavillonnaire. La mairie aurait dû être avertie au préalable pour discuter des mesures à mettre en place pour limiter les nuisances. »
Contrairement à ce qui avait été écrit précédemment, l’activité de Stradal est soumise à déclaration et non à autorisation. Et la mise en place des horaires de nuit pour les 45 salariés est le fruit d’un « accord d’entreprise sur l’aménagement du temps de travail » et n’est pas consécutive à une autorisation préfectorale. « Il a été signé par les différents syndicats représentés dans la société, précise Catherine Pernette, directrice régionale adjointe de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte). Cet accord répond à une hausse de la charge de travail, c’est prévu par le Code du travail. Pas besoin d’obtenir une autorisation de l’État. »
Si Stradal règle ce problème de décibels, les riverains pourront tout de même saisir la justice pour « troubles anormaux de voisinage ». Ce que certains dans le quartier envisagent déjà.